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Inné ou acquis : l’apprentissage des oiseaux

Comprendre la personnalité de nos oiseaux de compagnie

Tout au cours de notre vie, nous développons beaucoup de relations; certaines durent, mais un grand nombre d’entre elles subissent un sort différent. L’être humain est ainsi fait qu’il croit pouvoir changer les autres selon l’idée qu’il s’en fait : ce qu’ils devraient et ne devraient pas être ainsi que comment nous pouvons faire pour les aider à changer. Une scène du film Nos plus belles années (version française de The way we were) illustre bien ce fait lorsque Robert Redford reproche à Barbra Streisand d’essayer de le changer : « Tu mets trop de pression sur mes épaules. Je suis incapable de me détendre et de profiter de la vie. » Elle lui répond : « Si je mets autant de pression, c’est que je veux voir les choses s’améliorer, je veux que tu sois meilleur. C’est vrai, je crée des remous et je continuerai d’en provoquer jusqu’à ce que tu sois tout ce que tu devrais être et devras être. » [traduction]
Nous savons et comprenons tous pourquoi ce type de relation était voué à l’échec…

Une relation humain-oiseau qui ne fonctionne pas

La raison de cet échec peut être remise en question très longtemps. L’oiseau criait, mordait, faisait des dégâts, grugeait du temps, entre autres, mais ce ne sont en fait que des symptômes causés par une réalité sous-jacente. Cette réalité est beaucoup plus profonde : le choix de l’espèce n’était peut-être pas le bon.

Ces problèmes pourraient se régler, ou du moins s’atténuer, au moyen d’une myriade de différentes techniques et solutions, mais il est préférable d’affronter cette réalité sous-jacente, à l’origine de tous les problèmes. Nous sommes convaincus que notre compagnon deviendra celui dont nous rêvons, celui que nous souhaitons qu’il soit.

Malheureusement, le scénario habituel est le suivant :

  1. Achat impulsif d’un oiseau;
  2. Lune de miel : tout va bien, l’oiseau est généralement très jeune, doux et apprivoisé, et ses propriétaires et sa famille en sont fous;
  3. Entre l’âge de six mois et d’un an, soit le début de la période juvénile, l’oiseau commence à mordre, à crier et, de façon générale, ne semble pas bien s’adapter à son environnement. L’établissement d’une confiance mutuelle comprenant respect et dressage n’a toujours pas été fait;
  4. Les propriétaires désespérés commencent à chercher de l’aide, vendent l’oiseau ou le donnent.

Aujourd’hui, le plus grand défi des aviculteurs, des détaillants spécialisés en produits pour animaux de compagnie et des responsables de refuges est de contrer la réalité grandissante qu’est l’abandon des oiseaux de compagnie. De nombreux éleveurs consciencieux se demandent quelles espèces d’oiseaux conviennent au marché des oiseaux de compagnie, afin d’assurer des relations de longue durée. Je crois que la solution n’est pas uniquement dans la sélection des espèces à élever, mais aussi, et surtout, dans la façon dont les futurs propriétaires d’oiseaux font leur choix.

Un oiseau est un oiseau… L’est-il réellement?

J’ai rencontré trop souvent des propriétaires ou de futurs propriétaires d’oiseaux qui choisissent une espèce précise en croyant que par leur façon particulière d’élever l’oiseau, ils en feront quelque chose qu’il n’est pas, une autre espèce. Ils croient que leur cacatoès agira comme un Gris d’Afrique, s’ils l’élèvent comme tel. Selon eux, leur cacatoès n’aura pas besoin d’autant d’affection et d’attention qu’un cacatoès « normal » puisqu’ils lui auront appris à se comporter comme un Gris d’Afrique. Erreur! Lorsqu’on choisit un oiseau, il est crucial de bien comprendre la nature profonde de cette espèce en particulier. Pour ce faire, il faut respecter ce noyau central de sa personnalité, c’est-à-dire ce qu’il est fondamentalement en tant qu’oiseau d’une espèce précise.

Pour illustrer ce propos incontestable, nous étudierons le schéma de la personnalité avec ses trois composantes :

  • Le noyau central
  • La couche intermédiaire
  • La couche périphérique

Pour rendre la chose concrète, j’utiliserai l’exemple de Toby, mon propre cacatoès à huppe blanche.

umbrella cockatoo
Toby comme représentant de l’espèce cacatoès à huppe blanche

Le noyau central

De toute évidence, certains traits sont communs aux individus d’une même espèce, tels que leur façon de courtiser, leur capacité à utiliser et à créer des outils, leur habileté à parler, le ton de leurs cris, leur nature grégaire, etc. Les cacatoès à huppe blanche auront donc de nombreux traits de personnalité en commun, c’est-à-dire leur bagage héréditaire et génétique. Toutefois, même si ces traits sont communs à un groupe d’individus, chaque oiseau les développe de manière unique. Ainsi, aucun cacatoès à huppe blanche ne partage exactement le même trait, au même degré.

En dépit de l’influence de l’environnement social ou physique auquel votre oiseau est exposé, celui-ci développe un noyau de traits personnels résistants aux changements.

C’est la force de ce noyau jointe aux forces vitales de l’oiseau qui lui donne la capacité de devenir lui-même (un cacatoès à huppe blanche), tout en restant fidèle à son espèce. Le noyau est le centre intérieur, instinctif et intrinsèque de la personnalité. C’est dans ce centre intérieur que se situent les besoins fondamentaux, les capacités ainsi que toutes les données anatomiques et physiologiques particulières à cette espèce.

Bref, même si vous lisez tous les ouvrages au sujet de changement de comportement et essayez tous les trucs de renforcement positif jusqu’à en avoir des nausées, peu importe les influences multiples que vous imposerez à votre oiseau, rien ne l’empêchera de demeurer fidèle à ce qu’il est. Un cacatoès sera toujours un cacatoès, tout comme un Gris d’Afrique restera un Gris d’Afrique et un inséparable restera un inséparable, bien malgré vous. Cela ne veut toutefois pas dire que vous perdez votre temps et votre énergie à tenter de modifier ou d’éliminer les comportements indésirables chez votre oiseau, au contraire! Il est important de faire la différence entre un comportement indésirable et donc modifiable, et un comportement inné et inévitable!

Pour illustrer ce fait, regardons un des traits particuliers des cacatoès : leur besoin insatiable d’affection, de caresses et de lissage des plumes. Il est bien connu que la plupart des cacatoès ont un besoin d’affection plus élevé que la plupart des autres espèces de perroquets. Autant ce trait peut sembler attrayant pour un nouveau propriétaire, autant il peut paraître complètement incompatible avec la personnalité, le mode de vie, la dynamique familiale, etc., d’un autre. Ce trait oblige donc à élever ce perroquet de façon à ce qu’il devienne aussi indépendant que possible afin de réduire les comportements néfastes risquant d’empêcher l’oiseau de s’épanouir sans un froissement de plumes ou une caresse continuels. Ce besoin d’affection n’est pas un mauvais comportement devant absolument être changé. Si toutefois, ce n’est pas le type de relation avec laquelle vous êtes à l’aise, le cacatoès à huppe blanche est alors un très mauvais choix d’espèce pour vous.

La couche intermédiaire

Toby en tant qu’individu particulier

La couche intermédiaire est moins résistante aux changements que le noyau central. La nature profonde des oiseaux pousse chacun d’entre eux vers le plein développement de leurs capacités et de leurs possibilités latentes.

Chaque personnalité est unique; elle est différente de toutes les autres dans la manière dont elle combine et organise les traits qui la définissent et dans la force prêtée à chacun de ces traits. La personnalité est un ensemble complexe de traits de caractère qui procure à chaque être une nature particulière. La personnalité est un phénomène qui ne se répète jamais, et l’individualité demeure la caractéristique principale de votre oiseau. Ainsi, Toby est différent de tous les autres cacatoès à huppe blanche, tout en possédant de nombreux traits typiques à tous les individus de cette espèce.

Nous venons de voir que le noyau central est résistant à tout changement afin d’assurer le respect du bagage génétique et héréditaire de l’espèce. Il serait donc possible de croire que le noyau central est également ce qui crée une résistance aux attaques extérieures, c’est-à-dire lorsque des mesures sont prises pour tenter de corriger un comportement. Cette résistance interne et cette force individuelle permettent à l’oiseau de réagir par lui-même à son environnement et à tous les stimuli extérieurs qui s’y trouvent, développant du même coup son individualité en tant qu’oiseau. En effet, dès l’éclosion, l’oiseau s’adapte de façon unique à son environnement, ce qui paraît dans sa manière de manger, de bouger et de produire ou d’émettre des sons. Ainsi, plus l’oiseau réagit à la personne qui s’occupe de lui et apprend de cette personne, plus celle-ci ressent l’envie d’être près de l’oiseau pour lui apporter tous les soins nécessaires. Au contraire, moins l’oiseau montre de l’intérêt envers son propriétaire, moins le désir de celui-ci de s’occuper de l’oiseau est fort.

La couche périphérique

Toby, MON cacatoès à huppe blanche

La couche périphérique est la seule partie de votre oiseau sur laquelle vous aurez une certaine influence. C’est le tissu social et environnemental qui entoure votre oiseau et permet ainsi de modifier certaines actions et réactions. Chaque oiseau est influencé par son environnement immédiat ainsi que par les actions des personnes qui en font partie, particulièrement celles qui lui procurent amour, soins et respect, en plus de constituer une source d’éducation.

La couche périphérique est la plus superficielle et la plus éphémère, car chaque action et chaque changement dans l’environnement de l’oiseau influenceront cette couche et, possiblement, la changeront.

Si vous faites bien votre travail et que vous procurez à votre oiseau un environnement stable, stimulant et sûr, en plus d’une surveillance et d’un bon encadrement fixant des limites claires, la couche périphérique reflétera l’éducation que vous fournissez à votre oiseau. Ainsi, votre oiseau sera un être entièrement unique, démontrant les traits typiques et intrinsèques de son espèce tout en respectant les limites que vous lui aurez appris à respecter et que vous avez renforcées. Vous serez récompensé par une base stable permettant de créer des liens mutuels solides tout au long de la vie de votre oiseau de compagnie.

Les problèmes

Malheureusement, quand l’humain ne respecte pas le noyau central de son oiseau et qu’il essaie de lui imposer des comportements qui n’appartiennent pas à son espèce, de gros problèmes surgissent.

Vous attendez certains comportements de votre oiseau et désirez certains traits de caractère chez lui. Votre oiseau veut certainement vous plaire et essaie donc d’atteindre ce modèle idéalisé. Toutefois, son noyau central tente aussi de satisfaire ses besoins et de le faire agir selon la « programmation » innée de son espèce. On parle alors de conflits entre le soi réel de l’oiseau et le soi idéalisé par l’humain.

Par conséquent, l’oiseau vit un stress constant, en plus d’une insatisfaction profonde, puisqu’il ne peut atteindre le soi idéal que vous espérez. Plus l’oiseau est confronté à différents modèles de ce qu’il devrait être, plus il devient anxieux et nerveux et plus les problèmes s’accumulent les uns après les autres, notamment les morsures et les cris fréquents et dérangeants pour vous et votre famille.

Les solutions :

Les problèmes doivent être traités à la source, c’est-à-dire avant leur apparition.

Apprenez à connaître la nature profonde, le noyau central de chaque espèce d’oiseau que vous pensez adopter.

Lisez, informez-vous, faites beaucoup de recherches. Surtout, acceptez que chaque espèce possède ses propres traits particuliers qui la différencient des autres espèces; vous n’y pouvez rien! Personnellement, il m’a toujours semblé étrange que les gens acceptent qu’un chien de garde ne devienne jamais un chien de chasse, mais que ce raisonnement ne se fasse pas avec les oiseaux de compagnie et qu’il soit si difficile de l’accepter. Peut-être serait-il préférable de classer les oiseaux par groupes en fonction de leurs habiletés et de leur personnalité, comme on le fait pour les chiens (chiens d’utilité, chiens de garde…). Nous disposerions ainsi d’un guide pour nous aider dans le choix de l’oiseau idéal. Ces catégories seraient utiles autant aux propriétaires d’oiseaux qu’aux amateurs d’oiseaux, aux personnes qui apprennent des trucs aux oiseaux, aux gens bagarreurs et destructeurs, etc.

Avant d’entreprendre tout type de travail avec votre oiseau, posez-vous d’abord quelques questions :

  • Le comportement à changer est-il naturel pour cette espèce ou s’agit-il d’un trouble développé à cause de problèmes dans son environnement, dans ses relations ou dans son éducation?
  • Ce comportement indésirable pourrait-il être le résultat d’un malaise lié à sa santé?
  • Vos objectifs et vos attentes sont-ils réalistes par rapport à l’espèce, au sexe et à l’âge de votre oiseau?

Naturellement, tous les oiseaux profitent des bienfaits du temps passé à travailler avec eux pour qu’ils soient bien élevés, qu’ils s’adaptent bien socialement et que leur mode de vie soit équilibré. Si vous prenez plaisir à entraîner votre oiseau à exécuter des trucs, vous profiterez tous les deux du temps de qualité passé ensemble. Il est toutefois important de ne pas oublier qu’un oiseau ne doit jamais perdre son foyer seulement parce qu’il ne réussit pas à réaliser suffisamment de trucs! D’ailleurs, les trucs ne peuvent en aucun cas sauver un oiseau dont le mode de vie n’est pas équilibré ou qui ne convient pas à la vie familiale d’un foyer. Si un oiseau mord et crie, ses habiletés à faire de la planche à roulettes ou à jouer au basket-ball ne pourront l’empêcher de perdre son foyer. Faites preuve de détermination, de patience et d’imagination afin d’installer un respect mutuel et d’établir des lignes directrices pour un mode de vie réussi entre humain et compagnon à plumes.

Le renforcement positif, une technique insuffisante

Sans vouloir critiquer les bienfaits du renforcement positif, il est impossible de se fier seulement à un système structuré basé sur les petites attentions pour éduquer son oiseau. Le renforcement positif est parfait pour apprendre de nouveaux trucs aux oiseaux, particulièrement aux oiseaux d’exposition, mais montrer des trucs à un oiseau et élever ce dernier afin qu’il vive harmonieusement dans un foyer sont deux choses complètement différentes. En effet, il est essentiel pour tout animal de compagnie d’être élevé adéquatement ou les risques de perdre son foyer augmentent. Les dresseurs de chiens reconnus et les pédopsychologues conviennent que l’usage du renforcement positif doit être limité et qu’il faut en aviser les propriétaires de chiens ainsi que les parents, puisque cette technique utilisée seule ne fonctionne pas assez rapidement et n’est pas assez efficace pour élever correctement autant les chiens que les enfants. Les enfants, les chiens et les oiseaux sont très différents, mais la logique reste la même. J’ai lu de nombreux articles et assisté à de nombreuses conférences dans lesquels des spécialistes du comportement animal déclaraient que le mot « non » ne doit jamais être utilisé avec les perroquets. Je suis entièrement en désaccord avec ce propos! Le premier mot qu’apprennent tous les êtres vivants dans ma maison, qu’ils marchent, volent, sautent ou grimpent, est « non ». En effet, leur vie et leur bien-être dépendent de ce seul mot; il peut empêcher mon chien de se faire heurter par une voiture, mon perroquet de se faire piétiner lorsqu’il part en chasse après les pieds de quelqu’un, et mon enfant de sauter du haut d’une fenêtre.

En fait, dire « non » peut se révéler très positif.

Croire qu’on réussira à modifier ou à régler un comportement d’un oiseau si l’on parvient à décomposer la mécanique de la personnalité en petites pièces explicatives est un mythe dangereux. Cette pensée magique laisse croire que les comportements d’un oiseau peuvent être modifiés au gré des spécialistes du comportement aviaire. Il est faux de croire que le renforcement positif permet de faire autre chose de votre compagnon que ce que sa nature profonde lui dicte d’être. On pourra cliquer notre « clicker » autant qu’on le veut, utiliser tous les accessoires de transition et toutes les récompenses imaginables, un cacatoès ne sera jamais autre chose qu’un cacatoès. Il doit être respecté pour ce qu’il est réellement.

Nous devons apprendre à lâcher prise sur les choses incontrôlables et à nous adapter aux conditions existentielles de chacun, tout en nous émerveillant de la différence et des multiples richesses et contrastes qu’elle nous apporte.

Sylvie Aubin

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Institut Hagen de recherche en aviculture