Le renforcement positif pour l’élevage des perroquets
Des gestes d’affection ou de ruse?
La domination et le respect sont une controverse très présente dans les mondes animal et aviaire. Quelle est la limite à ne pas franchir pour faire d’un oiseau le compagnon parfait? Assoyons-nous et tentons d’y réfléchir en nous mettant à la place d’un oiseau…
La confiance et le respect sont essentiels à une relation durable et harmonieuse. Tout comme un cheval doit apprendre à ne pas ruer, un oiseau doit apprendre à ne pas mordre. Un cheval naît avec l’habileté à ruer et un oiseau naît avec l’habileté à mordre. Ce ne sont toutefois que des mécanismes de défense et des moyens de communication. Dans la nature, un oiseau doit se contrôler ou les autres membres de la volée le remettront dans le droit chemin. Tous les oiseaux respectent l’espace des autres, l’ordre social étant établi et maintenu par le jeu. En observant les oiseaux dans la nature, il est possible d’y voir chacun respecter cet ordre à sa façon en faisant des signes physiques ou vocaux pour avertir d’une morsure ou d’une attaque.
Les humains et les animaux, notamment les oiseaux, doivent apprendre à se respecter afin de vivre ensemble. Les chevaux de troupeau, par exemple, doivent apprendre le respect à un jeune âge. La jument du troupeau laisse le poulain agité dans un espace découvert sans la sécurité du troupeau pendant quelques heures, tout en le surveillant de près afin que rien ne lui arrive. Puisqu’à une telle distance, le poulain seul se sent complètement démuni de protection, lorsque la jument lui fait signe de revenir, il rejoint le troupeau tranquillement et respectueusement. Tout comme les humains, les chevaux apprennent le respect tout au long de leur vie. Les oiseaux dans la nature, quant à eux, font partie d’une volée et apprennent à se respecter puisque leur survie en dépend.
Membre du troupeau…
Si vous voulez que votre oiseau rejoigne votre troupeau d’humains et d’animaux à plumes, la hiérarchie doit être respectée par tous. La confiance, une compréhension claire de l’ordre social et le respect sont les éléments les plus importants que votre oiseau doit apprendre. Vous devez être en mesure de sortir votre oiseau de sa cage sans inquiétude, de votre part et de celle de votre oiseau. Il doit réagir à de simples demandes comme « monte » et « descends ». Lorsque c’est nécessaire, votre oiseau doit aussi avoir confiance en vous pour vous laisser examiner son corps en cas d’urgence, et pour apprendre à aimer les moments de caresses et de lissage. De votre côté, vous devez respecter ce que votre oiseau fait lorsque vous voulez jouer avec lui ou le dresser. Lorsqu’il est tranquille, il ne faut d’ailleurs pas omettre son confort et le déranger en courant près de sa cage les bras en l’air pour attraper le chien qui est parti avec une pantoufle, ou encore en ouvrant sa cage en pleine nuit pour le caresser. Si un oiseau est effrayé par quelqu’un ou quelque chose, il ne doit pas être obligé d’interagir avec cette personne ou cette chose lorsque vous êtes absent. Vous devez également respecter leurs habitudes, comme le cacatoès qui crie au crépuscule, la perruche alexandrine qui mâchonne une quantité excessive de bois, et la perruche ondulée qui ne veut jamais recevoir de caresses ébouriffant ses plumes.
Des possibilités infinies
Si vous voulez que votre perroquet jaco impressionne vos amis en leur récitant une multitude de mots, ou que votre perruche calopsitte fasse un smash dans un panier sur demande, c’est possible. Il existe de nombreuses techniques pour y arriver, par exemple, des techniques de renforcement, d’entraînement par déclic et récompense (« clicker training ») ou avec accessoires de transition (« bridge training »)… Vous pouvez choisir celle qui vous convient selon l’espèce d’oiseau que vous avez ainsi que la relation que vous entretenez avec cet oiseau. Toutes ces techniques doivent toutefois être pratiquées lorsque la confiance et le respect sont gagnés. Par ailleurs, quelle que soit la technique choisie, une règle d’or s’applique : blesser votre animal de quelconque façon, physique ou psychologique, est inacceptable. Bien qu’il s’agisse d’un signe d’avertissement physique, un oiseau qui mord peut surprendre. Le frapper ou le secouer reste tout de même hors de question.
Attirer avec des régals ou féliciter?
S’il existe une bonne relation de confiance et de respect entre le dresseur et son animal, l’affection et les félicitations sont de merveilleuses récompenses. Dans certaines vidéos de dressage de perroquets, les dresseurs n’utilisent pas de contacts visuels ou de mots gentils et encourageants, mais plutôt des noix en morceaux ou des graines de tournesol pour attirer l’oiseau. L’oiseau peut-il apprendre de cette façon? Ne serait-ce pas une sous-estimation de l’intelligence et de la capacité d’apprentissage du perroquet? Les régals sont de bonnes récompenses s’ils restent des récompenses et si votre oiseau n’arrête pas de manger sa nourriture habituelle sans sa nourriture favorite, notamment le millet pour les perruches calopsittes, les graines pour les perroquets et les fruits pour les loris.
Si un oiseau est fatigué, affamé, ou n’a pas envie de se faire dresser, les périodes de dressage ne seront ni plaisantes ni bénéfiques pour lui et pour vous. Il n’existe donc aucune raison valable de sous-nourrir un oiseau, puis de l’attirer avec des noix en morceaux ou des graines. Empêcher un oiseau de manger pendant un certain temps avant une période de dressage en espérant qu’il sera tellement affamé qu’il fera tout ce qui lui est demandé pour un régal n’est pas moral. Même si l’oiseau affamé semble suivre volontiers une graine de tournesol, il est incapable de distinguer ce qui l’entoure, puisqu’il devient en transe et n’est plus en mesure de réfléchir. C’est de l’abus psychologique et physique qui rend presque impossible toute répétition des périodes de dressage. Un oiseau affamé ira même jusqu’à suivre la graine de tournesol dans une cage de transport plongée dans le noir qu’il ne connaît pas. Si l’oiseau avait confiance en son dresseur, il serait entré dans cette cage avec de simples encouragements. Mettre une carotte devant un cheval affamé pour le monter ensuite ne signifie pas non plus qu’il est dressé, ou qu’il peut être monté sans danger, il a tout simplement trop faim pour se soucier de quoi que ce soit. Quand la carotte sera mangée, le problème sera toujours là. Les oiseaux sont extrêmement affectueux, certains plus que d’autres. Ils veulent apprendre, aimer et être traités aux petits soins. Les périodes de dressage répétées sont bénéfiques pour votre oiseau, mais elles doivent être faites lorsqu’il est reposé, en bonne forme, bien disposé et qu’il n’est PAS affamé. Les périodes doivent être courtes, mais fréquentes. Donner des régals excessivement pour attirer votre oiseau n’est donc pas une bonne idée. Les régals comme les graines de tournesol sont généralement riches en gras et les oiseaux ne doivent pas en manger trop.
Tout comme les bonnes actions sont récompensées, les mauvaises doivent être réprimandées avec une réponse constante et un aide-mémoire. Si votre enfant de cinq ans court vers le milieu de la rue, allez-vous le réprimander avec un suçon? Associera-t-il la course dans la rue à une récompense? Parfois, le renforcement négatif est nécessaire.
Un « non » ferme ou un « ah, ah, ah » soudain suffit généralement à dissuader l’oiseau de faire sa mauvaise action, pour autant que les règles de respect aient été établies précédemment.
Par ailleurs, si un mauvais comportement comme mordre n’est pas réprimandé, la qualité de vie de votre oiseau est mise en péril. De nombreux oiseaux sont donnés en raison d’un manque de respect, entraînant généralement des problèmes de comportement plus tard.
Que votre oiseau soit jeune ou vieux, qu’il vienne d’arriver dans la famille ou qu’il y soit depuis longtemps, il doit toujours y avoir du respect. Des périodes de dressage pour rafraîchir la mémoire doivent être maintenues, tout comme vous continuez sans cesse d’élever votre enfant.
La hiérarchie et la domination sont des phénomènes naturels du cercle de la vie. Que ça vous plaise ou non, vous devez être le meilleur dresseur pour votre oiseau. Vous devez vous assurer de le guider fermement et positivement, mais affectueusement et respectueusement.
Kevina Williams
Kevina dresse des chevaux depuis les 15 dernières années. Elle a beaucoup de succès auprès des jeunes chevaux et des chevaux qui ont acquis de mauvais comportements. Elle est maintenant une amatrice avide d’oiseaux. Elle en a six à la maison en plus de tous ceux avec lesquels elle travaille chaque jour à l’institut HARI. Que ce soit un animal avec des sabots ou avec un bec, le respect mutuel est impératif.
