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La formation de votre perroquet : les difficultés de la punition

Parrot jailPunir son perroquet

De mauvaises habitudes sociales

Dans notre culture, infliger des punitions est une habitude si bien enracinée, par la manière dont nous dressons nos animaux, dont nous élevons nos enfants et dont nos propres parents nous ont éduqués, qu’il est parfois difficile de renoncer à l’envie presque instinctive d’y recourir. Certes, certaines punitions sont clémentes (détourner l’attention, mettre le fautif à l’écart), mais d’autres sont plutôt sévères (crier, frapper, secouer la cage, arracher des plumes, arroser l’animal avec de l’eau, etc.). Ce besoin inné de contrôler le comportement des êtres qui nous entourent en imposant des sanctions a laissé place à une grande variété de méthodes « éprouvées » pour dresser les perroquets. Bien que ces méthodes visent à maîtriser les mauvais comportements, bon nombre d’entre elles vont plutôt à l’encontre des fondements de la psychologie de l’apprentissage et de la cognition. De plus, celles-ci ne sont en rien utiles à l’oiseau, qui ignore toujours l’importance du bon comportement, et provoquent bien souvent l’effet contraire à celui souhaité. Petit à petit, ces méthodes minent la confiance et détruisent les liens entre le maître et son perroquet, amplifiant ainsi de nombreux mauvais comportements. Ces solutions rapides et miraculeuses ne font que compromettre les liens uniques que nous partageons avec ces petites bêtes très intuitives et intelligentes.

Théorie de la dominance sociale : Relation entre dominants et dominés

Notre propension à punir d’abord pour poser des questions ensuite provient de la culture hégémonique ancrée dans le bagage génétique humain. Depuis toujours, la société humaine fait face à des groupes dominants; cette hiérarchie s’observe même chez la plupart des primates, nos plus proches ancêtres. D’une certaine façon, les humains sont foncièrement prédisposés soit à dominer les autres, soit à se laisser dominer. Ce réflexe profondément ancré nous empêche de porter attention aux autres espèces animales et de considérer leur façon de faire. Lorsque nous utilisons des méthodes de dressage basées sur la dominance avec nos oiseaux de compagnie, nous devons nous demander « Est-ce que mon oiseau comprend la relation dominant et dominé? » À ce propos, voici ce que pense Steve Martin de Natural Encounters inc. sur la dominance chez les perroquets sauvages : « J’ai discuté avec de nombreux chercheurs locaux qui étudient les perroquets dans la nature. Aucun d’entre eux n’a été témoigné d’une forme de hiérarchie chez les perroquets sauvages… ni d’agression dirigée pour exercer leur domination. »

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Les perroquets dans la nature ne se battent pas afin d’établir une hiérarchie dans la volée.

En réalité, dans la nature, il arrive que les perroquets se querellent pour obtenir ou protéger des ressources, mais pas pour régner en maître sur la volée. Alors pourquoi s’acharner à punir et à dominer nos perroquets lorsque ces derniers « refusent de coopérer »? En d’autres mots, les punitions ne sont très profitables que pour celui ou celle qui les inflige, car elles sont efficaces seulement si elles parviennent à diminuer le comportement ciblé. Or, une punition mal appliquée aboutit peu souvent à ce résultat. Malheureusement, il arrive à de rares occasions que les punitions ont l’effet escompté. Des propriétaires d’oiseaux affirmeront que lorsqu’ils brassent la cage, leur oiseau cesse de crier (pendant un moment). Même s’ils ne font rien pour réellement enrayer le comportement (l’oiseau continue de s’égosiller fréquemment), ce résultat positif, mais temporaire, encourage les propriétaires à continuer. Le renforcement occasionnel, jumelé au ressentiment provoqué et au désir inconscient de vengeance, leur fait miroiter une pratique dangereusement addictive pour dresser leur animal.

Mise à l’écart, technique du saut et autres mythes

Force est de constater, en examinant de plus près les méthodes de dressage des perroquets, que des techniques maintes fois acclamées s’apparentent étrangement à des punitions. Selon les analystes du comportement, une punition constitue toute conséquence associée à un comportement et provoquant la diminution de la probabilité de réapparition de ce dernier.

Regardons attentivement en quoi consistent certaines des recommandations les plus populaires en ce qui a trait aux problèmes de comportement chez les oiseaux domestiques.

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Remettre un oiseau dans sa cage ne constitue pas une technique de mise à l’écart efficace.

Mise à l’écart

En matière d’élevage de perroquets, il existe plusieurs formes de mise à l’écart : remettre l’oiseau dans sa cage, fermer les lumières, couvrir la cage et confiner l’oiseau dans une pièce éloignée en sont tous des exemples. Toutefois, de telles tentatives de punitions supposent que la seule motivation de l’oiseau est de passer du temps avec son maître hors de sa cage. Comme les perroquets sont des bêtes émotionnellement complexes, il est impossible de présumer quoi que ce soit à propos de leur état émotif ou de ce qui les motive. Si l’oiseau se sent fatigué, a faim ou est nerveux, aller dans sa cage est peut-être tout ce qu’il désire. Il se peut aussi que l’oiseau ne veuille que l’attention de son maître et fasse des siennes pour l’obtenir. Dans ce cas, se précipiter pour prendre l’oiseau, même pendant un bref instant, et le remettre dans sa cage ne lui apprend qu’à mal se conduire pour attirer l’attention.

Les perroquets vivent beaucoup dans le moment présent. De ce fait, chaque comportement est renforcé ou atténué par la conséquence immédiatement imposée.

Afin que la mise à l’écart s’avère une stratégie efficace pour dresser son oiseau, cette technique doit être effectuée immédiatement après la survenue du comportement.

  • En effet, le temps de prendre l’oiseau et de le remettre dans la cage ou de l’emmener dans une pièce éloignée, ou bien de se précipiter pour éteindre la lumière ou pour couvrir la cage, suffit pour empêcher toute association entre l’acte et la conséquence.
  • Par ailleurs, la mise à l’écart doit contrecarrer efficacement la cause du mauvais comportement. Or, nous avons déjà établi qu’il est presque impossible de déterminer la cause exacte ayant provoqué le comportement au moment même où elle se manifeste.
  • De plus, la mise à l’écart doit être de courte durée (entre 30 secondes et quelques minutes, tout au plus) afin de susciter une réaction émotionnelle chez l’oiseau. Si la punition est de longue durée, l’oiseau risque d’oublier la raison pour laquelle il a été mis à l’écart. Malheureusement, on juge trop souvent juste « d’infliger une sanction à la hauteur du crime » pour confiner l’oiseau dans une pièce éloignée pendant de très longs moments. Ce dernier a peut-être cassé les oreilles de son maître durant plus d’une heure alors que celui-ci ne souhaitait que la paix et le calme, ou l’a peut-être mordu jusqu’au sang pour la première fois et l’expérience s’est avérée particulièrement douloureuse. Sur le coup, nos actions semblent sans doute tout à fait justifiées compte tenu des circonstances, mais après mûre réflexion, c’est plutôt la vengeance qui constitue notre motif inconscient.
  • Quatrièmement, l’étape clé du succès de la mise à l’écart constitue à replacer l’oiseau à l’endroit initial et à le récompenser pour ses bons comportements. Cette dernière étape est la plus déterminante et la plus susceptible d’être passée outre ou ignorée lors du dressage des perroquets.

Tellement de temps est consacré à dramatiser les mauvais comportements de nos oiseaux que les bons comportements à adopter sont négligés. Apprendre à son oiseau à bien se comporter pour obtenir des récompenses de notre part constitue pour lui une plus grande motivation à bien agir.

Les bases du stimulus aversif léger

La prochaine catégorie de méthodes de dressage fait appel à des stimuli déplaisants et dont l’application risque de miner la confiance de l’oiseau. Celles-ci comprennent : arroser la tête de l’oiseau avec un jet d’eau puissant, crier ou hurler après l’oiseau, frapper et secouer sa cage, laisser tomber l’oiseau sur le sol et abuser des techniques du saut, du battement des ailes et du tremblement de terre. Toutes ces techniques consistent à provoquer une sensation déplaisante chez l’oiseau afin qu’il tente dorénavant de l’éviter. Certaines d’entre elles sont toujours considérées comme de bonnes méthodes de dressage, mais ces techniques sont susceptibles d’entraîner des répercussions malsaines.

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Les vaporisateurs comme celui-ci ne doivent pas être utilisés pour la brumisation, laquelle doit constituer une séance agréable pour l’oiseau, et non une punition.

Arroser la tête de son oiseau tropical risque de le conditionner à redouter l’heure du bain, entraînant ainsi de graves problèmes de santé. Crier après son oiseau provoque souvent l’effet inverse, c’est-à-dire amplifier le mauvais comportement. En effet, n’oublions pas que les perroquets sont des bêtes bruyantes, turbulentes et extraverties. Bien souvent, lorsque la situation tourne au drame, nos réactions démesurées sont perçues comme une « fausse punition » amusante. De plus, laisser tomber l’oiseau sur le sol est un geste agressif qui risque d’engendrer chez l’animal la peur de grimper sur la main qui lui est tendue, ou même de causer de graves blessures.

Pour dresser un oiseau, les techniques du saut, du battement des ailes et du tremblement de terre sont toutes adéquates, mais ne s’appliquent plus lorsque vient le temps de discipliner l’animal. La technique du saut consiste à faire sauter l’oiseau successivement d’une main à l’autre, dans le but d’obtenir de l’animal une réponse adéquate de plus en plus rapide et de le récompenser pour son bon comportement. Cette technique sert également à punir un comportement inadéquat, prétendument pour « montrer à l’oiseau qui commande », de la même manière qu’un sergent oblige un soldat à faire des pompes pour compenser son inconduite. Pour que l’oiseau établisse le lien entre l’acte et la punition, celui-ci doit se trouver sur le bras de son maître au moment où il se comporte mal. Il ne sert à rien de se précipiter pour prendre l’oiseau, car nous avons déjà constaté l’inefficacité de ces « fausses punitions ». Si l’oiseau est dans un état fébrile lorsque son maître lui demande de sauter, l’animal risque de se contrarier facilement et de devenir encore plus agressif qu’il ne l’était, et non l’inverse. Si le maître est contrarié ou fâché pendant la technique du saut, l’oiseau le ressentira et son anxiété et sa frustration seront amplifiées.

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L’exercice de battement des ailes doit toujours être associé à un renforcement positif et non à une punition, sinon l’oiseau ne verra aucun intérêt à faire de l’activité physique de son propre gré. Pratiquer cet exercice plusieurs fois par jour favorisera une santé optimale.

La technique du battement des ailes est un exercice extrêmement important pour tous les oiseaux de compagnie. Comme l’obésité liée à l’inactivité est un sérieux problème chez de nombreux perroquets, encourager l’exercice est essentiel pour la santé et le bien-être de ces derniers. Bon nombre d’oiseaux se montrent réticents à l’activité physique et ont donc besoin d’un petit coup de pouce. D’abord, l’exercice doit toujours être associé à un renforcement positif et non à une punition, sinon l’oiseau ne verra aucun intérêt à faire de l’activité physique de son propre gré. D’ailleurs, obliger l’oiseau à battre des ailes jusqu’à ce qu’il soit trop épuisé pour mal se comporter ne lui apprend rien sur le comportement à adopter, affectera la relation entre le perroquet et son maître et risque d’engendrer de graves conséquences sur la santé physique et émotionnelle de l’oiseau. L’exercice du battement des ailes doit toujours être effectué selon le niveau de tolérance de l’oiseau. De plus, l’animal doit toujours être récompensé de manière diversifiée et doit répéter l’exercice plusieurs fois par jour afin de favoriser une santé optimale.

Un oiseau pratiquant suffisamment d’exercice est comblé, moins sujet au stress et moins porté à se comporter de manière indésirable qu’un oiseau inactif.

La technique du tremblement de terre est conçue pour discipliner un bébé perroquet qui prend goût à user de son bec lorsqu’il est sur le bras ou la main de son maître. Elle consiste à secouer légèrement le bras afin de déséquilibrer l’oiseau et de le déconcentrer temporairement, lui faisant ainsi oublier de mordiller. Comme punition, cette technique est souvent utilisée abusivement; l’oiseau est alors violemment déséquilibré (et reçoit généralement des réprimandes), et est parfois même projeté au sol. N’oublions pas que la plupart des punitions sont infligées par un désir inconscient de se venger; il est donc facile de punir une bonne morsure au bras en projetant l’oiseau au sol. Ce geste ne dure qu’une fraction de seconde, mais la confiance perdue risque d’engendrer des répercussions à long terme.

Il est clair qu’on ne doit jamais utiliser la douleur pour pousser nos oiseaux de compagnie à bien se comporter!

Usage abusif du stimulus aversif

Ces techniques font plus qu’incommoder l’animal et risquent même de s’avérer douloureuses. Donner des chiquenaudes sur le bec d’un oiseau, prendre l’animal par le bec et le secouer, lui arracher des plumes ou même le frapper est signe d’une relation détériorée et dénuée de toute rationalité. Ces techniques cruelles emprisonnent l’animal et son maître dans un cercle vicieux d’agressivité et de peur, plutôt que d’apprendre à l’oiseau les comportements adéquats à adopter pour vivre au sein du foyer. Vu notre connaissance de ces créatures remarquables, il est difficile de croire que certaines techniques abusives sont présentées dans des publications datant à peine d’une quinzaine d’années. Comme les perroquets ne sont domestiqués que depuis deux ou trois générations, ces bêtes farouches de nature ont conservé leurs instincts d’oiseaux sauvages. Nous savons que les perroquets sont capables d’une grande confiance et ils nous font un grand honneur lorsqu’ils font preuve de loyauté envers nous. Infliger des souffrances à ces derniers de façon intentionnelle bafoue l’essence même de ce lien de confiance. Bref, on ne doit tout simplement jamais utiliser la douleur pour motiver un oiseau!

Parrot in CarrierAbandonner son oiseau, une solution illusoire

Regrettablement, cette solution est trop souvent l’ultime décision de nombreux propriétaires d’animaux domestiques. Chaque année, des milliers de perroquets atterrissent dans les refuges et les fourrières, ou bien sont retournés chez l’éleveur sous prétexte qu’ils seront mieux dans un autre foyer. Ces propriétaires justifient leur geste en se disant qu’ils ne pouvaient rien faire de plus pour leur oiseau, dont le futur très incertain promet de nombreuses années émotionnellement et psychologiquement éprouvantes. En effet, ces oiseaux répéteront les mauvais comportements adoptés dans leur premier foyer chaque fois qu’une nouvelle situation se présentera. Les vétérinaires voient fréquemment des oiseaux avec leur troisième, quatrième ou même cinquième propriétaire. Si ces éternels adoptés se reproduisent et élèvent leurs petits, ils risquent de transmettre les comportements indésirables à leur progéniture, condamnant ainsi la prochaine génération de perroquets à un échec potentiel. Les perroquets sont trop sensibles et intelligents pour être achetés, vendus et échangés sur un coup de tête. Il est important de reconnaître notre part de responsabilité dans les problèmes qu’éprouvent nos perroquets et de chercher des solutions clémentes et éprouvées afin de rétablir les liens nous unissant à notre compagnon à plumes.

La vérité sur les punitions!

Pour qu’une punition parvienne à modifier un comportement, celle-ci doit répondre à des critères spécifiques. En effet, selon Steve Martin : « Le moment où la punition est donnée est primordial pour que le comportement soit modifié ». Afin que l’oiseau comprenne le lien entre l’acte et la conséquence, celui-ci doit carrément être pris « sur le fait » dès la première occurrence du comportement indésirable. Malheureusement, on découvre souvent les bêtises de nos animaux après coup, ou seulement après la nième fois qu’ils s’en sortent ni vus ni connus. Toute punition infligée dans ces circonstances ne fait que semer la confusion chez l’animal, qui ne comprend pas la nature des réprimandes qu’il subit. Si l’on surprend l’oiseau le bec dans le sac, la punition doit être suffisamment sévère pour dissuader l’animal d’agir de la sorte, diminuant ainsi la probabilité de survenue du comportement indésirable. Trop souvent, les réprimandes sont d’abord légères, mais au fur et à mesure que la frustration augmente, les sanctions sont de plus en plus sévères. D’une réprimande à l’autre, l’oiseau devient insensible aux punitions. Ce cercle vicieux ne donne pas la chance au perroquet d’apprendre les comportements adéquats à adopter. Éventuellement, la frustration constante laisse place aux hostilités, détruisant ainsi toute la confiance que nous porte l’oiseau, que l’on perçoit désormais comme un fardeau.

Ces méthodes de dressage et ces punitions sont incohérentes et difficiles à appliquer en raison de notre manque de connaissance et de leur mauvaise utilisation, en plus d’engendrer de nombreuses répercussions graves. Selon Susan Friedman, titulaire d’un doctorat dans le domaine : « La recherche sur les effets de la punition aversive ne date pas d’hier, mais n’a pas non plus fait l’objet d’une étude rigoureuse. En revanche, une des recherches effectuées, s’étalant sur plusieurs décennies, a été menée sur de nombreuses espèces animales, notamment les humains ».

Les chercheurs en question ont identifié les quatre principaux effets de l’utilisation du stimulus aversif comme outil de modification comportemental :

  1. Comportements de fuite et d’évitement
  2. Diminution de la réponse globale (indifférence)
  3. Agressivité
  4. Peur généralisée (phobies) (Azrin et Holtz, 1966)

Notre compagnon jadis favori évitera probablement toute interaction, s’enfuira ou s’envolera dès notre approche, ou même nous attaquera pour prévenir tout stimulus négatif. Ces bêtes malheureuses vivent dans un état constant d’anxiété et de stress élevé qui, à long terme, risque de provoquer le picage des plumes, la mutilation, des obsessions (gestes excessivement répétitifs, comme les tigres qui font les cent pas au zoo) et des comportements manifestant de l’insécurité maladive ou de l’agressivité.

Consolider ou détruire la confiance

Avant d’établir un programme de dressage, il faut se poser la question suivante : le geste que je m’apprête à faire renforcera-t-il la confiance entre mon oiseau et moi, ou bien la détruira-t-il? Ce simple critère suffit pour saisir les ravages que les techniques explicitées risquent de causer. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe d’autres solutions!

Analyse appliquée du comportement (AAC)

L’analyse appliquée du comportement (AAC) est une technique consistant à évaluer ce dernier selon les facteurs environnementaux qui sous-tendent la survenue du comportement (antécédents), ainsi qu’à cibler la réponse à modifier (comportement) et le résultat immédiat attribué à cette réponse (conséquence). Aucun comportement ne survient de manière isolée; ce dernier résulte plutôt d’influences extérieures et de renforcements précédents.

Ces simples composantes (antécédent, comportement et conséquence) constituent les rudiments de l’analyse comportementale. Afin de modifier un comportement, on doit :

  1. identifier et contrôler le stimulus à l’origine du comportement, et
  2. ajuster la conséquence associée au comportement pour augmenter ou diminuer la probabilité de survenue de ce dernier.

Lors de l’identification des antécédents environnementaux, il ne faut pas oublier l’importance de l’effet immédiat.

  • Que s’est-il passé avant la survenue du comportement ciblé?
  • Est-ce que le langage corporel de l’oiseau permettait de prévoir ce comportement?
  • Quel facteur extérieur a déclenché le premier signe de réaction?

Lors du choix des conséquences à appliquer, il faut identifier le renforçateur à l’origine du comportement répété et l’éliminer, tout en récompensant les comportements adéquats à adopter. Bien des gens sont obnubilés par ce qu’ils ne veulent pas que leur oiseau fasse, et oublient que ce dernier ne peut pas rester là sans rien faire. Les propriétaires doivent donner à leur oiseau quelque chose à faire afin qu’il ne s’énerve pas. Pour éliminer les comportements indésirables, les comportements à adopter doivent être associés à une récompense plus importante que celle provenant du mauvais comportement initial.

Renforcement positif

La méthode du renforcement positif (ou PRT, pour Positive Reinforcement Training) a d’abord gagné en popularité dans les années 60, lorsqu’elle était utilisée pour dresser les mammifères marins. Grâce à des récompenses variées, les entraîneurs ont enseigné aux dauphins des comportements incroyables, parfois même contre nature; les dauphins acceptaient notamment de subir des interventions désagréables chez le vétérinaire, sans anesthésie. Aujourd’hui, on utilise cette technique pour dresser toutes sortes d’espèces partout dans le monde, mais ce n’est que depuis tout récemment que le renforcement positif contribue au dressage de nos animaux de compagnie. Cette méthode de dressage, consistant à déceler et à consolider les comportements adéquats à l’aide d’une variété de récompenses, est la plus douce et la plus gratifiante qui soit. Bien qu’on le désigne souvent comme une façon « d’acheter » l’animal, le renforcement positif est pourtant largement répandu dans la nature. Un perroquet sauvage qui tombe sur un arbre débordant de fruits retournera à cet endroit jusqu’à ce qu’il n’y en trouve plus. Dès qu’il ne reçoit plus de récompense pour ses efforts, le comportement se manifeste de moins en moins, jusqu’à ce qu’il cesse (ou jusqu’à ce que l’arbre fleurisse de nouveau l’année suivante). Tout être vivant sur notre planète tentera naturellement d’obtenir davantage de ressources, d’augmenter ses chances de s’accoupler, etc. Dans de très nombreux essais en laboratoire effectués sur une variété d’espèces, allant des souris aux primates, les animaux dressés à l’aide de récompenses continuent à répondre à ce type de renforcement, même s’ils disposent à leur guise d’une autre source de nourriture. Force est de constater l’effet du renforcement sur notre conscience.

Conclusion

Notre propension inconsciente à vouloir dominer, alimenté par l’incidence d’un vacarme incessant, d’ecchymoses et de moments difficiles, a sans doute enraciné ces techniques traditionnelles de dressage aviaire sur le continent nord-américain. Chaque propriétaire d’oiseau a le souvenir d’une fois où sa frustration a pris le dessus sur ses bonnes intentions envers son animal. Cette reconnaissance est le premier pas vers l’amélioration de notre relation avec nos compagnons favoris. Le deuxième consiste à rechercher des méthodes de dressage qui visent le développement et la consolidation du lien de confiance qui nous unit à notre oiseau. Imaginez une relation basée sur les récompenses et le jeu, où votre oiseau est prêt à tout pour obtenir votre approbation. Imaginez les mauvais comportements s’effaçant peu à peu. En tant que propriétaire de perroquet, une espèce animale menacée, il nous incombe de tisser des liens privilégiés avec notre animal, car cette relation perdurera toute une vie.

Kristi Flemming

Références :
FRIEDMAN, Susan G. Living and Learning with Parrots – Lecture 6: Schedules of Reinforcement and Differential Reinforcement for Reducing Problem Behaviors, 2004.
FRIEDMAN, Susan G., et Bobbie BRINKER. « The Facts about Punishment », Original Flying Machine, numéro 4, janvier-février 2001.
MARTIN, Steve. « Height Dominance », PsittaScene Magazine, publication du World Parrot Trust, 2001.
MARTIN, Steve. The Anatomy of Parrot Behavior, Monterey, Californie, 2002. [Présentation d’une conférence de l’Association of Avian Trainers].
PRYOR, Karen. Don’t Shoot the Dog: The New Art of Teaching and Training, [Édition revue], Bantam Books, 1999.

Kristi FlemmingKristi Flemming
Pendant 14 ans, Kristi a travaillé avec des animaux exotiques, des hamsters jusqu’aux dauphins. Elle possède une solide expérience de directrice d’une pouponnière pour perroquets et travaille actuellement comme chef technicienne et conseillère en comportement aviaire au centre hospitalier Animal Hospital of High Park. Kristi est membre des associations professionnelles International Association of Avian Trainers and Educators (IAATE) et World Parrot Trust (WPT).

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