Il n’existe pas de mauvais oiseaux

La célèbre dresseuse britannique pour chiens, Barbara Woodhouse, a déclenché une révolution dans le dressage de chiens en intitulant l’un de ses livres bien connus No Bad Dogs (Il n’existe pas de mauvais chiens). Si seulement les propriétaires de perroquets pouvaient dire la même chose! D’autres animaux exotiques de compagnie sont aussi la cible de plaintes. Dans cet article, nous utiliserons les oiseaux comme exemple principal, mais les principes énoncés ci-dessous s’appliquent à de nombreux types d’animaux de compagnie.

Bon nombre de propriétaires d’oiseaux, en particulier ceux qui sont inexpérimentés, ont tendance à blâmer un perroquet pour des cris, des morsures, de la saleté ou du mâchonnement destructeur dans la maison. Les propriétaires de perroquets ont besoin d’être préparés et renseignés pour faire face aux problèmes. « Un homme averti en vaut deux » n’a jamais été aussi vrai que dans cette industrie! Pas question non plus de faire fuir les propriétaires potentiels. On doit simplement se rappeler qu’en jetant un regard naturel à tous les types de comportements des perroquets, il est plus probable de comprendre le point de vue du perroquet. Nous devons tous « murmurer à l’oreille des perroquets », c’est-à-dire parler et comprendre le langage du perroquet, et non seulement utiliser les signes vocaux. Vous voulez que votre client et son oiseau soient heureux, sinon le propriétaire se débarrassera éventuellement de l’animal et vous perdrez un client à long terme.

Problèmes de comportement : principale raison de la perte d’un animal

La réduction de revenu à la suite de la perte d’un animal n’est pas toujours marginale. Saviez-vous que la cause principale, et de loin, de l’incapacité à garder un animal n’est pas la mort en raison d’une maladie ou d’une blessure? Pas plus que la majorité des animaux ne se perdent parce qu’ils se sont enfuis, ont couru au loin ou ont été volés. Les allergies ne constituent pas non plus un problème. Malheureusement, la principale raison pour laquelle les propriétaires d’un animal ne le gardent plus est qu’ils arrêtent simplement de le vouloir. L’animal était trop bruyant, il égratignait les enfants, faisait des dégâts à la maison, était ennuyeux, ou n’était pas en relation harmonieuse avec le propriétaire ou la famille.

Demandez aux employés des refuges combien de chiens sont euthanasiés chaque année parce que le propriétaire ne pouvait s’en occuper, ou combien de chiens peu socialisés sont littéralement jetés à la rue. Si le propriétaire a une belle relation avec son animal, il le gardera et dépensera de l’argent pour lui. Comment les propriétaires peuvent-ils être encouragés à développer cette relation harmonieuse? L’interaction représente le point clé. Les perroquets que l’on fait sortir de leur cage chaque jour et qui peuvent faire des tours ou émettre des sons particuliers sur commande deviendront probablement un membre plus précieux de la famille qu’un perroquet qui doit être confiné à sa cage et qui représente une tâche plutôt qu’une source de joie. Ces perroquets finissent souvent dans les petites annonces, les ventes-débarras ou les refuges après avoir circulé d’une maison qui ne leur convenait pas à une autre.

Nouvelles possibilités de dressage

Heureusement, on peut observer des progrès importants quant aux techniques permettant aux propriétaires de communiquer avec leurs animaux et d’en avoir le contrôle. Actuellement, toutes les personnes qui travaillent dans l’industrie des animaux de compagnie devraient connaître le « Clicker Training » (CT), ou l’entraînement par déclic et récompense, soit le programme le plus récent de dressage interactif pour chiens, chevaux, nombreux animaux exotiques, petits animaux et oiseaux. Cet entraînement est simple, bon marché et amusant, et il a déjà fait fureur dans le monde des animaux de compagnie (vous n’avez qu’à vérifier sur le Web). Vous pouvez entraîner votre animal à l’aide de cette méthode pour résoudre des problèmes de comportement ainsi que pour lui enseigner des tours. Accessible, le « Clicker Training » est le perfectionnement d’une méthode d’entraînement bien établie appelée « conditionnement de la modification du comportement », par laquelle les dresseurs indiquent à l’animal que son bon comportement sera récompensé. Le son du déclic prévient l’animal que ce qu’il fait au moment où il entend le déclic lui rapporte un régal, puisqu’il s’agit habituellement d’un aliment (quelques fois des éloges ou des marques d’affection). Avec le temps, le bruit du déclic lorsque l’animal agit correctement, suivi d’une récompense, incitera l’animal à répéter ce comportement toutes les fois où le déclic est utilisé.

Le déclic ne signifie qu’une chose pour l’animal : « J’ai bien agi et j’attends maintenant une gâterie ».

Les animaux parviennent à se souvenir des efforts passés et amélioreront leur comportement dans le but d’obtenir la récompense (le déclic et le régal). C’est particulièrement vrai lorsque les gâteries ne sont plus données régulièrement, c’est-à-dire à chaque bonne réponse. Une fois que l’animal comprend la signification du déclic, il reproduira le bon comportement pendant de longues périodes pour faire plaisir au dresseur.

Les instruments à déclic sont vendus dans plusieurs détaillants d’animalerie, même si bon nombre de consommateurs en obtiennent grâce à des recherches sur Internet. Les appareils vendus en magasin font un bruit unique ressemblant à celui du grillon et plus uniforme que n’importe quel bruit que nous pouvons produire. Leur usage s’est développé à partir de sifflets dont on se sert pour le dressage des dauphins. Les appareils à déclic vendus dans les magasins sont de petites boîtes de plastique environ de la grosseur d’un domino, munies d’une languette de métal à abaisser avec le pouce. Le déclic est assez bruyant et vous devriez habituer votre animal à ce bruit de l’arrière de votre dos ou de l’intérieur d’une poche. De nombreux propriétaires de chiens fabriquent leur propre instrument à déclic à l’aide du couvercle d’un pot de jus ou d’un pot de nourriture pour bébés, et parfois ils créent une plus grande cavité en faisant ressortir celle-ci par pression au coin d’une table. Le centre de la cavité fait un bruit d’éclatement ou de déclic quand on le pousse. Les dégrafeuses font aussi un déclic faible mais distinct, quand elles sont abaissées deux fois, rapidement. Un instrument à déclic est un signal spécial qui équivaut à peu près à « bon chien » ou « bon perroquet ». Qu’arrive-t-il à votre chien quand vous lui demandez de s’asseoir et qu’il accède à votre demande? Vous dites rapidement « bon chien » et souvent vous le flattez ou vous lui donnez un régal par la suite. Le petit bruit sec constitue un équivalent plus puissant de « bon chien » et sert à transmettre un message (« tu as fait ce que je voulais et tu auras maintenant une récompense! »).

Pourquoi le « Clicker Training » est-il spécial?

Le « Clicker Training » comporte plusieurs avantages. Étant donné que la méthode utilise le renforcement positif plutôt que la force ou la punition, toute la vitalité et tout l’esprit de l’animal travaillent « pour » le propriétaire plutôt que contre lui. L’entraînement développe la confiance et donne souvent l’impression d’un jeu. Les animaux peuvent apprendre des choses à n’importe quel âge et avec n’importe quel « bagage » de comportements. Cependant, le « Clicker Training » remporte énormément de succès dans l’édification d’un lien avec le propriétaire de l’animal, parce qu’on met l’accent sur un renforcement positif.

Voici donc un cas qui démontre l’efficacité de l’entraînement avec un instrument à déclic :

Un cacatoès citrinocristata âgé de 6 mois se comporte très bien à la maison. Comme de nombreux jeunes cacatoès, il est affectueux et recherche constamment l’attention de ses propriétaires. Ces derniers sont bien renseignés sur la façon de s’occuper des jeunes perroquets et lui accordent beaucoup d’intérêt tout en maintenant leur domination et leur contrôle. Ils font cependant face à un problème. Les grosses fientes ne sont pas appréciées dans la salle familiale où le jeune oiseau passe une grande partie de son temps. Les propriétaires ont remarqué que l’oiseau se soulage peu de temps après être sorti de la cage et qu’immédiatement avant de le faire, il remue sa queue légèrement. Ils commencent leur programme « Clicker Training » en montrant simplement à l’oiseau que le son du déclic signifie une récompense et dans ce cas-ci, il s’agit d’attention prodiguée à l’oiseau. Avant de sortir l’oiseau de sa cage, de lui gratter le cou, de lui frotter la tête ou de le prendre dans leurs mains, les propriétaires font entendre le déclic à l’oiseau, et ce pendant environ une semaine. Ceux-ci vérifient la réponse de l’oiseau à la fin d’une semaine en faisant le bruit du déclic pendant que l’oiseau joue tranquillement sur le sofa. L’oiseau s’approche immédiatement de son propriétaire avec la tête penchée et veut se faire frotter. Ils veulent maintenant utiliser un signal pour un nouveau comportement : faire ses besoins sur commande. « Fais tes besoins » est le signal verbal choisi et est combiné avec la manipulation de l’oiseau au-dessus de son aire de jeux peu de temps après avoir été sorti de la cage. Avant même que ces signaux soient donnés, les propriétaires évitent de manipuler leur oiseau après l’avoir sorti de la cage et le surveillent avec attention pour voir s’il manifeste le désir de s’en aller. Dès qu’ils voient l’oiseau remuer sa queue, ils le transportent rapidement mais calmement et donnent le signal « Fais tes besoins ». Après quelques minutes, si l’oiseau fait ses besoins, il est récompensé par un déclic immédiat (durant la défécation si possible) et une marque d’affection (frottement de la tête ou grattement sous l’aile). Si l’oiseau ne fait pas ses besoins, on essaie à un autre moment. Peu de temps après, l’oiseau fournira un bon rendement quand on lui demandera simplement d’aller faire ses besoins dans la cage. Finalement, l’oiseau n’aura pas besoin du renforcement constant du déclic, et les propriétaires peuvent l’utiliser pour passer à un nouveau comportement ou à un nouveau tour.

Règles de départ

Vous trouverez ci-dessous les conseils de base communs à la plupart des entraînements à l’aide d’un déclic :

1. Trouvez ce que l’animal désire réellement. On donne habituellement un régal irrésistible : du foie pour les chiens, des suppléments d’acides gras pour les furets, des graines de tournesol pour les perroquets, du raisin pour les chinchillas, etc. Donnez un régal de petite dimension pour que l’animal que vous entraînez puisse consommer des morceaux rapidement, sans se gaver.
2. Quand vous débutez avec un nouveau comportement, évitez les distractions. Assurez-vous que les séances ne sont pas trop longues et que l’animal est à l’aise dans son environnement. S’il ne veut pas travailler, essayez de nouveau plus tard. Le « Clicker Training » veut dire que l’animal peut choisir de coopérer.
3. Travaillez avec un seul animal à la fois ou utilisez un déclic différent pour chaque animal. Passez la première semaine à seulement enseigner que le déclic annonce une récompense, et rien d’autre.
4. Le synchronisme est la clé. Faites entendre le déclic au moment du comportement désiré et non après. Attendez-vous à ce que votre animal arrête d’agir une fois qu’il a entendu le déclic. Donnez-lui ensuite le régal.
5. Vérifiez après une semaine la réponse de votre animal lorsqu’il entend le déclic; l’animal attend-il une récompense? Pour certains animaux, il se peut que ce ne soit pas une réponse évidente, alors ne sautez pas aux conclusions trop rapidement.
6. Faites entendre le déclic une fois à vote animal. Si vous voulez exprimer plus d’enthousiasme, augmentez occasionnellement le nombre de régals ou ajoutez des éloges (créez l’effet de « gros lot »). N’augmentez pas le nombre de déclics.
7. Gardez l’instrument à déclic avec vous ou ayez-le à portée de la main pour pouvoir l’utiliser quand vous décelez le comportement désiré. Donnez un signal lorsque vous voyez l’action désirée (c’est-à-dire en disant « assis » quand vous voyez que votre chien est sur le point de s’allonger par terre).
8. Vous pouvez aussi donner le signal en créant l’action (c’est-à-dire en disant « en haut » et en utilisant votre main et un perchoir pour que l’oiseau s’approche). Faites ensuite entendre le déclic et récompensez l’oiseau en pleine action.
9. Continuez à renforcer ce comportement en donnant votre signal lorsque vous avez l’instrument à déclic à portée de la main. Cliquez et récompensez votre animal quand votre signal a donné de bons résultats. Le déclic, une fois qu’il a bien été appris, peut éventuellement être interrompu quand vous passez au tour suivant, mais continuez à récompenser la réponse à un signal.
10. Passez à un autre comportement ou tour que vous souhaitez en pensant à un autre signal et répétez les étapes 7 et 8 ci-dessus.
11. Élevez ou abaissez vos critères, si nécessaire. Si votre animal semble confus, fatigué ou n’y parvient pas, c’est peut-être que vous lui en demandez trop, trop tôt. Si l’animal entraîné semble s’ennuyer ou agir mécaniquement, essayez de passer à l’étape suivante.
12. Ne donnez pas d’ordres à l’animal; le « Clicker Training » n’est pas basé sur des commandements. Ne le réprimandez pas, ne tirez pas sur sa laisse d’un coup sec et ne lui donnez pas de fessée; ces comportements ne font pas partie du « Clicker Training ».
13. Éliminez un mauvais comportement en utilisant le déclic lors d’un bon comportement. Utilisez le déclic lorsque le furet fait ses besoins au bon endroit ou lorsque le chien mâche un os et non une pantoufle. Au lieu de crier à l’endroit d’un chien qui jappe, employez le clic lorsqu’il est silencieux. Éliminez l’habitude de l’animal de tirer sur sa laisse à l’aide d’un déclic lorsque la laisse est lâche.

By: Louise Bauck BSc, DVM, MVSc.