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Une alimentation et une nourriture adéquates et de qualité sont importantes pour les oiseaux exotiques qui grandissent rapidement. Différents types de formulations de nourrissage à la main, telles que les formulations maison, pour primates ou pour chiens ainsi que les formulations commerciales spécifiques, permettent un bon équilibre de protéines (acides aminés), de matières grasses, de matières solides (eau) et d’autres nutriments essentiels. Cependant, certains aliments sont plus faciles à préparer et risquent moins d’être inadéquats quant à la nutrition en raison d’un mauvais mélange ou d’une contamination. La digestion chez les oiseaux est un processus rapide et efficace, car leur système digestif est très spécifique et sert à avaler, à emmagasiner et à digérer chimiquement et physiquement la nourriture.
Nourrir les oisillons à la main constitue une étape essentielle à toute activité avicole réussie. Les bébés provenant d’œufs incubés artificiellement, ceux retirés de parents négligents et à un jeune âge pour stimuler une nouvelle ponte chez les parents doivent être nourris à la main pendant 3 à 5 mois. La plupart des oiseaux exotiques gardés en captivité, comme les psittacidés et de nombreuses espèces d’oiseaux à bec droit, sont altriciels. En effet, leurs bébés naissent aveugles et sont donc sans défense pour recueillir leur nourriture et incapables de thermoréguler. Malheureusement, seules quelques recherches scientifiques sur les exigences nutritionnelles des oiseaux exotiques ont été effectuées, et les aviculteurs, en nourrissant les oiseaux par essais et erreurs, ont découvert des formulations qui permettent d’élever les bébés jusqu’à l’âge adulte avec succès.
Les sécrétions du tractus gastro-intestinal supérieur présentes dans la nourriture régurgitée par les parents semblent améliorer la croissance des oisillons nourris par ces derniers comparativement à celle des oisillons nés en incubateur et nourris à la main avec la même formulation (observations de l’auteur). La nature de ces sécrétions et leurs effets sur la nourriture donnée aux oisillons continuent de manifester l’intérêt.
Puisque la volaille est nidifuge, peu d’informations sur ses soins de santé relativement simples sont directement applicables aux perroquets, mais l’information approfondie publiée sur ses exigences nutritionnelles peut servir de guide.1.2 Les formulations pour volailles sont conçues pour maximiser la vitesse de croissance, comme pour la production de viande, ce qui n’est pas aussi essentiel chez les oiseaux exotiques que le développement adéquat des oisillons et leur santé à long terme. Les quelques concepts nutritionnels suivants sont importants pour le nourrissage des oiseaux exotiques. Des courbes de croissance ont été publiées pour quelques-unes parmi les centaines d’espèces différentes de psittacidés et très peu d’autres oiseaux exotiques.3.4 Les variations de taille selon l’individu et le sexe limitent l’utilisation des moyennes de gains de poids pour surveiller la santé individuelle de chacun des bébés se nourrissant d’un aliment spécifique. Le poids corporel mesuré chaque matin avant le premier nourrissage est moins influencé par les restes d’aliments du nourrissage précédent encore dans l’estomac de l’oiseau si les bébés peuvent éliminer ces derniers durant la nuit. Le temps entre chaque nourrissage devrait être augmenté graduellement à mesure que l’oiseau grandit, mais tout ralentissement soudain de la digestion est un signe précurseur de maladie.
Dans la comparaison de la composition en acides aminés de la carcasse entière du poulet et d’un petit perroquet, la perruche ondulée (Tableau 1) et les structures parallèles du tractus digestif montrent une alimentation similaire entre la plupart des psittacidés et des volailles.5 Des études effectuées à l’Université de Californie à Davis démontrent que les calopsittes se développent mieux lorsqu’elles sont nourries à la main avec un aliment contenant de 20 à 25 % de protéines en matière sèche mélangées à 7 % de matières solides pendant les quatre premiers jours, puis de 20 à 30 % de matières solides, et que leur besoin est de 1 % de l’aliment en matière sèche.6.7 Ces pourcentages sont très similaires à ceux requis pour la croissance des poulets de chair selon le National Research Council (NRC), et justifient l’utilisation de ces exigences comme estimations pour la croissance des psittacidés.
L’utilisation de sources de protéines animales dans les formulations au lieu de l’ajout d’acides aminés limitants pour améliorer la valeur biologique des protéines végétales est controversée. Des profils d’acides aminés et des taux de protéines similaires peuvent être atteints avec les deux méthodes. Cependant, si les produits d’animaux ou de poissons ne sont pas traités correctement, il y a de grands risques de contamination bactérienne. L’analyse immédiate d’amandes de graines oléagineuses de tournesols, de carthames et d’arachides, aliments courants pour les perroquets en captivité, indique qu’elles contiennent une très haute teneur en matières grasses et une teneur modérée en protéines lorsque leurs fortes densités caloriques sont prises en considération (Tableau 2). Lorsqu’on compare l’apport en acides aminés essentiels aux besoins des poulets en croissance à la teneur en protéines des graines oléagineuses, la lysine et la méthionine sont limitantes dans les trois graines, et la thréonine l’est également en ce qui concerne les amandes de carthame et les arachides écalées (Tableau 1).
Tableau 1 –
Besoins estimés en acides aminés essentiels des perroquets et composition de trois amandes de graines/arachides écalées.
Acide aminé essentiel* | Besoin estimé** | Amande de tournesol 8,9 | Amande de carthame 10,11 | Arachide écalée 11,12 | Carcasse de perruche 13 | Carcasse de poulet 2 |
Arginine | 6,0 | 10,0 | 9,4 | 11,2 | 5,9 | 6,8 |
Glycine et sérine | 5,0 | 9,3 | 9,3 | 10,4 | 10,8 | — |
Histidine | 1,5 | 2,8 | 2,6 | 2,4 | 2,2 | 4,1 |
Isoleucine | 3,5 | 4,5 | 3,7 | 3,3 (94 %)+ | 3,9 | 3,9 |
Leucine | 6 | 7 | 6 | 6,6 | 6,2 | 6,5 |
Lysine | 5 | 3,9 (78 %)+ | 3,2 (64 %)+ | 3,2 (64 %)+ | 7,1 | 9,9 |
Méthionine et cystine | 3,6 | 3,7 | 3,2+ | 2,5+ | — | 4,3 |
Méthionine | 1,9 | 1,8 (95 %)+ | 1,5 (79 %)+ | 1,2 (63 %)+ | 2,2 | 1,9 |
Phénylalanine et tyrosine | 5,9 | 7,4 | 7,2 | 8,9 | 6,8 | 6,7 |
Phénylalanine | 3,2 | 4,7 | 4,3 | 5,0 | 3,9 | 3,6 |
Thréonine | 3,7 | 3,8 | 3,2 (86 %)+ | 3,1 (84 %)+ | 4,0 | 3,4 |
Tryptophane | 0,9 | 1,3 | 1,4 | 1,2 | 0,8 | 1,0 |
Valine | 3,6 | 5,2 | 5,3 | 4,2 | 4,8 | 4,4 |
Nombre d’acides aminés limitants | 2 | 3 | 4 |
Note : 1 g d’acides aminés/16 g de nitrogène.
Même si la sérine, la cystine et la tyrosine ne sont pas des acides aminés essentiels, elles en font partie, car elles peuvent générer une portion de la glycine, de la méthionine et de la phénylalanine requises, respectivement. Cependant, dans certaines conditions, les besoins en cystine peuvent ne pas être respectés lors de la synthèse de la méthionine, surtout si l’aliment a une teneur faible en ces deux acides aminés. Les protéines de plumes contiennent une plus grande quantité de cystine que d’autres protéines corporelles13. Par conséquent, lors de la croissance maximale des plumes, soit lors de la nidification ou de la mue chez un adulte, les besoins en cystine peuvent augmenter. La cystine est également le précurseur de la taurine qui, chez les poulets, et probablement chez les perroquets, se conjugue avec l’acide cholique produite dans la formation de la bile.2 Cette dernière est provoquée par la teneur en matières grasses, laquelle est élevée dans les graines oléagineuses et environ deux fois plus élevée dans les formulations pour le nourrissage à la main de la plupart des psittacidés comparativement aux formulations de départ des volailles.
Tableau 2 –
Analyse immédiate d’amandes de graines ou de noix écalées, exprimée en pourcentage et leur valeur d’énergie brute.
Amande ou noix écalée | Humidité | Protéines brutes | Matières grasses brutes | Fibres brutes | Cendres | Extrait non azoté (ENA)µ | Énergie brute (ÉB) (kcal / kg)¥ |
Tournesol¤ | 4,9 | 22,4 | 53,8 | 3,6 | 3,0 | 12,3 | 7 097 |
Carthame§ | 3,0 | 23,6 | 59,3 | 2,6 | 3,2 | 8,3 | 7 429 |
Arachide écalée | 3,6 | 29,4 | 53,0 | 2,4 | 2,3 | 9,3 | 6 829 |
Note : Pourcentage dérivé des valeurs moyennes de deux échantillons envoyés à des laboratoires différents.
L’énergie alimentaire que l’oiseau utilise se nomme l’énergie métabolique (ÉM).14 Cette dernière peut différer grandement selon les formulations : les recommandations du NRC pour les poulets de chair sont basées sur une alimentation de 3 200 kcal ÉM/kg, alors que les graines oléagineuses constituent de 5 750 à 6 250 kcal ÉM/kg (selon une énergie brute de 6 800 à 7 400 kcal/kg [Tableau 2] et une utilisation d’environ 85 %). Connaître les besoins énergétiques quotidiens de l’oiseau et la valeur ÉM d’un aliment aide lorsqu’on veut déterminer la teneur en vitamines, en minéraux et en protéines pour assurer l’apport optimal de ces nutriments. Les oiseaux sauvages qui volent allègrement ont de bien plus grands besoins énergétiques que les oiseaux sédentaires en cage. De plus, les allers-retours au nid pour nourrir les oisillons augmentent davantage les besoins énergétiques des oiseaux sauvages. Donc, les besoins différents des oiseaux en captivité peuvent limiter l’utilisation d’aliments « naturels » similaires à ceux trouvés en nature.
Les besoins en acides aminés et en nutriments sont souvent listés en pourcentage dans l’aliment, mais cette méthode pour exprimer ces derniers rend difficile la comparaison de l’apport en acides aminés des formulations aux diverses teneurs en calories et en protéines. En exprimant la teneur en acides aminés en pourcentages de protéines et en rations isoénergétiques, les comparaisons ont plus de sens. D’ailleurs, les taux de protéines des formulations sont souvent comparés sans prendre en compte les différences au niveau de l’ÉM. La première nourriture testée scientifiquement sur un psittacidé était constituée de la moitié des matières grasses que l’on retrouve maintenant dans la plupart des formulations, ce qui équivaut à des valeurs énergétiques plus élevées.5 Donc, les teneurs en vitamines, en minéraux et en protéines doivent être augmentées selon les besoins estimés, lesquels sont basés sur des ÉM plus basses.
Certaines personnes pensent qu’étant donné que les besoins nutritionnels minimaux de la plupart des espèces exotiques sont inconnus, les compagnies ne devraient pas affirmer qu’elles possèdent une nourriture complète. Mais puisque l’aliment a permis l’élevage régulier de bon nombre de jeunes oiseaux d’une certaine espèce avec succès, il est difficile de nier le fait que la formulation ne remplit pas les exigences pour la croissance. D’autres critères aidant à l’évaluation d’une formulation devraient comprendre la santé des bébés, la facilité de préparation de l’aliment ainsi que le stockage, le coût et la disponibilité.
La contamination microbienne d’une formulation est une grave préoccupation, que l’aliment soit offert aux bébés par les parents ou par l’aviculteur. Trois types de bactéries causent des maladies d’origine alimentaire : celles qui se multiplient dans le tractus intestinal ou ailleurs dans le corps et causent une maladie en infectant l’hôte (par ex. la salmonelle), celles qui se développent et rejettent des toxines dans les aliments avant que ces derniers soient ingérés (par ex. intoxications alimentaires causées par des toxines botuliques ou staphylococciques), et celles qui semblent agir par double action (par ex. Clostridium perfringens, E. coli). Pour le dernier cas, les maladies surviennent souvent après l’ingestion d’une grande quantité d’organismes vivants, lesquels relâchent ensuite des toxines dans le tractus intestinal. Certains organismes ne sont peut-être pas dangereux, mais peuvent indiquer la présence d’organismes pathogènes, ou de traitement ou de manipulation insalubres et de gaspillage inutile.
Une bonne façon de réduire les risques que la nourriture soit contaminée par des microorganismes pathogènes est de ne pas utiliser d’ingrédients qui pourraient en contenir, comme des sous-produits animaux, de la volaille ou du poisson. Des échantillons de nourriture peuvent être envoyés en laboratoire pour savoir s’ils contiennent des bactéries pathogènes. Envoyer les échantillons à plus d’un laboratoire réduit les risques de mésinterprétation causée par des erreurs de laboratoire. La plupart des laboratoires nécessitent un échantillon de nourriture d’au moins 100 g pour faire une analyse immédiate et des analyses microbiologiques (Tableau 3). La fonction digestive peut être perturbée par des infections bactériennes ou lors de blocages du jabot par des matières étrangères, comme lorsque les oisillons ingèrent du substrat. De plus, la nourriture qui reste dans le jabot trop longtemps peut fermenter et causer une candidose. Le ralentissement du passage des aliments dans le tractus digestif peut être causé par les aliments trop froids, les aliments dont la teneur en eau ou la capacité à retenir l’eau (gélatine) est insuffisante, les aliments trop riches en graisses ou en protéines et les aliments dont la teneur en fibres est incorrecte. Des morceaux durs peuvent se former dans le jabot des oisillons si la matière sèche de la formulation pour nourrissage à la main se sépare de l’eau. Ce problème se traite en offrant un peu d’eau tiède à l’oiseau et en massant la bosse au niveau du jabot, jusqu’à sa dissolution.
Il peut y avoir des troubles de deuxième ordre comme une candidose du jabot, souvent associée au ralentissement du transit intestinal et au remplissage continu du jabot, qui n’est donc jamais complètement vide. Les problèmes principaux, soit avec l’alimentation, l’environnement, le tractus digestif ou d’autres causes, doivent être réglés. Par exemple, les cas anormalement élevés de candidoses chez les cacatoès noirs pourraient être dus à la teneur excessive de sucres simples dans la compote de pommes sucrée et aux sucres (miel) contenus dans l’aliment offert aux oiseaux.15
Une source d’eau propre et son utilisation adéquate dans les formulations sont essentielles pour le nourrissage à la main. Les réseaux d’alimentation en eau peuvent être des sources importantes de pathogènes et devraient être testés par un laboratoire indépendant (Tableau 3). Dans les endroits où la qualité de l’eau est douteuse, de l’eau bouillie ou distillée devrait être utilisée pour préparer les formulations. La vieille tuyauterie des bâtiments peut abriter des bactéries pathogènes, dont les effets peuvent être minimisés en laissant couler l’eau du robinet de 1 à 2 minutes avant de l’utiliser.
Tableau 3.
Laboratoires d’analyses
A&L Mid West Laboratories, Inc 13611 « B » Street Omaha, NE 68144 |
Hazleton Laboratories America, Inc. 3301 Kinsman Boulevard Madison, WI 53704 |
Industrial Laboratories of Canada, Inc. 95 Townline Road Tillsonburg, Ontario N4G 3H3 Canada |
Woodson-Tenent Laboratories, Inc. 345 Adams Avenue Memphis, TN 38103 |
Les nouveau-nés (oisillons âgés de moins de 3 à 5 jours) nourris avec des formulations traditionnelles nécessitent que ces dernières soient diluées avec de l’eau, soit de 5 à 10 % de matières solides, ou il pourrait y avoir une impaction dans leur jabot. Cependant, même si ces conseils sont suivis, il peut y avoir un ralentissement d’environ une semaine dans la croissance des oisillons. Ce ralentissement de croissance ne fera aucune différence à la fin de la période d’élevage.4 Il a été rapporté que les bébés se développeraient plus rapidement la première semaine de leur vie lorsqu’ils sont nourris d’une formulation avec une teneur grandement réduite en protéines comparativement à une formulation normale constituée d’une teneur égale en matières grasses et comprenant principalement des glucides digestibles, comme ceux dans le riz et le sirop de maïs.16 Des analyses indiquent que cette formulation n’est pas aussi diluée qu’une formulation normale. Cela pourrait être parce que la teneur élevée en eau requise dans les aliments traditionnels est en fait pour aider les nouveau-nés à assimiler les nutriments. Offrir des aliments moins complexes durant les premiers jours de la vie d’un oisillon permet à ce dernier de développer son système digestif et de rester bien hydraté sans avoir à gérer les nutriments qu’il ne peut pas encore bien assimiler. Les oisillons nourris par leurs parents ne semblent pas avoir ce problème avec les formulations traditionnelles, peut-être parce que les sécrétions reçues des parents aident leur digestion.
Les bébés plus âgés (de plus d’une semaine) devraient être nourris avec une formulation contenant de 20 à 30 % de matières solides, généralement de la consistance d’une compote de pommes un peu liquide. Une telle texture ne représente peut-être pas la bonne densité nutritionnelle, car les épaississants, comme les poudres à base d’amidon de maïs, peuvent rendre beaucoup plus dense une formulation à faible teneur en matière sèche. La fréquence de nourrissage et la durée du transit intestinal dépendent du pourcentage de matières solides dans la formulation, ainsi que de la digestibilité et de la densité calorique de cette dernière. Les formulations trop diluées demanderont davantage de nourrissage et causeront peut-être une prise de poids inadéquate.
Bon nombre de différentes recettes peuvent être convenables pour élever des oisillons, mais il y en a probablement autant qui peuvent ralentir la croissance des oiseaux et les rendre malades. Par exemple, les bébés oiseaux peuvent avoir une carence quant aux protéines et à l’énergie et/ou au calcium et à la vitamine D, ce qui peut causer des os courbés et une déformation grave du corps. Les recettes maison sont souvent compliquées et contiennent de nombreux ingrédients; un aliment utilisé avec succès par de grands éleveurs en Californie contient 11 ingrédients différents. Toutefois, les éleveurs hésitent à changer un aliment qui fonctionne bien, car ils n’ont pas confiance en d’autres formulations, même si ces dernières sont plus faciles à faire et coûtent moins cher.17 Des suppléments vitaminiques et minéraux sont importants pour ces formulations, et les produits commerciaux qui supplémentent habituellement ces dernières ne sont peut-être pas conçus pour corriger les insuffisances en matières grasses, en acides aminés, en calcium ou en vitamines, par exemple, car il pourrait également y avoir un excès d’autres nutriments. L’une des plus grandes fermes d’élevage professionnel de psittacidés a eu un problème d’hypervitaminose D chez des bébés aras, laquelle était en lien avec un usage excessif de suppléments vitaminiques et minéraux dans la formulation pour le nourrissage à la main.18 Puisque les espèces possèdent une tolérance qui varie quant aux excès de nutriments, d’autres espèces de psittacidés nourries avec la même formulation n’ont pas développé de problèmes.
Le beurre d’arachide, les aliments pour bébés, la compote de pommes et le calcium sont des ingrédients souvent ajoutés à la nourriture pour primates ou pour chiens afin d’augmenter la teneur en matières grasses ou d’améliorer la texture ou la valeur nutritionnelle.4.16 Lorsqu’ils nourrissent des bébés cacatoès, certains éleveurs ajoutent des amandes de tournesol moulues à une formulation pour primates afin d’augmenter la teneur en matières grasses et en protéines et de permettre aux bébés de prendre du poids.19 Certains éleveurs écrasent la nourriture pour primates et ajoutent simplement de l’eau, mais la plupart font tremper les biscuits dans l’eau puis cuisent ces derniers entièrement dans un micro-ondes.4 Cette méthode de cuisson détruit presque toutes les bactéries que contiennent souvent ces aliments. Pour économiser du temps lors de la préparation, certains aviculteurs préparent une grande portion de nourriture pour primates et la congèlent en plus petites portions, lesquelles sont réchauffées, au besoin. Cependant, ce processus peut réduire la teneur en vitamines de la formulation, et bon nombre d’éleveurs utilisant cette méthode de préparation ont rapporté avoir une meilleure croissance chez leurs oiseaux lorsqu’un supplément vitaminique est ajouté aux aliments préparés.16 Même si ces formulations sont conçues pour les chiens ou pour les primates, elles semblent être satisfaisantes pour élever des oiseaux. Cependant, les compagnies qui commercialisent ces formulations ne les recommandent pas pour les oiseaux et le domaine de la recherche nutritionnelle sur les oiseaux n’en soutient pas la vente.
Les formulations commerciales ont pour but de fournir un taux optimal de nutriments pour une aussi grande variété d’espèces que possible sans excès nocifs. Quelques rares espèces d’oiseaux nécessitent des formulations enrichies de matières grasses afin d’avoir une croissance maximale. Certains éleveurs blâment rapidement les formulations commerciales pour leurs mauvais résultats, mais n’examinent pas tous les aspects de l’élevage et toutes les sources possibles de maladies. La plupart des formulations commerciales sont simples à préparer et requièrent seulement d’être mélangées à de l’eau chaude. Ceci incite l’utilisation d’aliments frais à chaque nourrissage au lieu de vieux aliments stockés, réduisant ainsi les risques de contamination des bébés par une haute teneur en bactéries. Combiner ces produits avec de grandes quantités d’aliments pour bébés humains ou d’autres ingrédients peut diluer certains nutriments essentiels jusqu’à ce qu’ils deviennent insuffisants et causent des problèmes associés à d’autres formulations.
Des formulations basées sur des ingrédients extrudés moulus en poudre fine deviennent plus courantes que celles constituées d’ingrédients en poudre mélangés sans autre traitement. La méthode de cuisson à haute température utilisée pendant l’extrusion comporte quelques bienfaits, comme la baisse importante de bactéries et de champignons et la gélatinisation des amidons améliorant la rétention de l’eau. Le pourcentage de bébés atteignant le stade d’oisillon a grandement augmenté chez les psittacidés nourris par les parents auxquels une formulation extrudée était offerte au lieu de graines, de fruits et de légumes.20
La flore aérobie « normale » du tractus digestif des bébés psittacidés peut inclure les bactéries suivantes : Lactobacillus sp, Staphylococcus epidermidis, Streptococcus sp, Corynebacterium sp, et Bacillus sp.21 Les aliments régurgités par les parents et offerts aux bébés peuvent contenir des enzymes digestifs qui aident ces derniers à digérer. Une activité amylolytique a été rapportée dans la salive de la dinde, de l’oie, du coq bankiva et du pigeon.22 Cependant, l’appareil lingual des psittacidés est unique et peut être constitué de glandes salivaires sécrétant davantage d’enzymes et/ou de mucus que d’autres oiseaux étudiés auparavant.23
Une grande usine californienne, maintenant fermée, utilisait du lait de jabot d’oiseaux adultes en santé pour nourrir les bébés non exposés au nourrissage parental afin que les oisillons aient une flore normale.24 Il y a cependant un risque que des porteurs subcliniques propagent la maladie. De plus, il n’y a aucune preuve soutenant les bienfaits de ce transfert pour la flore.4 De la même façon, l’ajout de bonnes bactéries, comme les souches courantes de Lactobacillus utilisées en agriculture, n’a pas démontré de bienfaits considérables dans les formulations pour nourrissage à la main pour les psittacidés. Cependant, les oiseaux adultes colonisés de souches spécifiques de Lactobacillus montrent une résistance à la colonisation de bactéries pathogènes Enterobacteriaceae.25,26 Les effets positifs d’un produit microbien chez les animaux en croissance peuvent n’être perceptibles que dans des situations où il y a des lacunes au niveau de la gestion, de l’assainissement et de l’alimentation.25 Il n’y pas encore d’études contrôlées démontrant que les additifs bactériens selon les espèces peuvent améliorer la croissance, la santé et la digestibilité résultant de la formulation pour le nourrissage à la main. Des études approfondies sur les bienfaits possibles sont requises.
Le tractus gastro-intestinal des oiseaux est l’un des tubes digestifs les plus efficients chez les vertébrés, car il est beaucoup plus court par unité de surface ou de poids corporel que celui des vertébrés non aviaires. Chaque partie du tractus gastro-intestinal supérieur, soit l’œsophage, le jabot, le proventricule et le gésier, possède une fonction distincte chez la plupart des oiseaux, dont les psittacidés. Chez les primates, ces fonctions agissent collectivement dans leur estomac simple. Chez les oiseaux, la digestion gastrique est différente, car les sucs gastriques sont produits dans un organe, soit le proventricule, et la protéolyse gastrique se fait habituellement entièrement ou en grande partie dans un second organe, le gésier.
La digestion comprend tous les changements mécaniques et chimiques par lesquels la nourriture passe avant de pouvoir être absorbée dans les intestins. Les changements mécaniques incluent la déglutition, la macération et le broyage des aliments dans l’estomac musculaire. La digestion chimique se fait grâce aux enzymes bactériennes et celles sécrétées dans la bouche, l’estomac, les intestins et le pancréas, à la bile provenant du foie et à l’acide chlorhydrique provenant de l’estomac. L’efficacité de la digestion et de l’absorption est grandement affectée par l’activité sécrétoire, la nature physique des aliments, et le temps requis pour l’absorption.
Les glandes salivaires se situent dans les cavités buccales et pharyngales de la majorité des oiseaux. En général, elles sont peu développées chez bon nombre de piscivores, ou très bien développées chez les granivores qui se nourrissent d’aliments secs. Les glandes salivaires sont constituées de masses de cellules sécrétoires ramifiées autour de conduits desquels une partie du contenu des cellules sécrétoires est excrétée pour former la salive.23 Puisque les oiseaux ne mastiquent pas, la fonction principale de la salive, qui est de nature mucineuse, est d’aider à la lubrification lors de la déglutition. Les mouvements péristaltiques déplacent la nourriture dans l’œsophage, soit directement vers le proventricule ou le jabot.27
Les glandes salivaires des psittacidés forment des corps glandulaires compacts. Chez le gris d’Afrique (Psittacus erithacus), les conduits de toutes les glandes salivaires s’ouvrent sur la surface linguale, chacun par un seul orifice.23 Les sécrétions glandulaires dans la moitié intérieure de l’œsophage combinées à de l’eau de source externe contribuent au ramollissement et au gonflement de la nourriture dans le jabot.28
Trois souches amylolytiques de Lactobacillus isolées du jabot d’un poulet démontraient de l’amylase similaire à celle trouvée chez des bactéries responsables de l’hydrolyse de l’amidon, lesquelles avait été isolées du tractus gastro-intestinal.22 Ces enzymes, combinées à celles des glandes salivaires, peuvent contribuer à l’hydrolyse de glucides complexes.
Le jabot est un renflement membraneux sur la face ventrale de l’œsophage et comprend des plis profonds pour faciliter la distension.29 Habituellement, il sert uniquement de site de stockage pour la nourriture ingérée avant que cette dernière soit digérée par le reste du tractus gastro-intestinal.30 Chez les perroquets, le jabot est orienté de biais dans le cou.31 De plus, la nourriture servant à nourrir les oiseaux juvéniles est également stockée dans le jabot. Lorsque les adultes nourrissent leurs petits, la nourriture dans le jabot est régurgitée par un péristaltisme inversé spécial.29 Il est possible qu’une digestion mineure se produise dans le jabot en raison d’actions enzymatiques et bactériennes.32
Situé entre l’œsophage inférieur et le gésier, le proventricule est de forme ovoïde et recouvert d’une muqueuse glandulaire comprenant des glandes gastriques.29 Suivant la consommation de nourriture, la majorité du mucus sécrété par les glandes est ensuite remplacée par des sécrétions provenant de la région basale des muqueuses. La fonction principale du proventricule est la fabrication de sucs gastriques (mucus, acide chlorhydrique et pepsinogène) et la propulsion de ces sucs et de la nourriture dans le gésier.27 Le passage de la nourriture vers le proventricule dépend de l’activité motrice du jabot et de l’œsophage inférieur qui, à leur tour, sont régulés par l’activité du gésier.
Les flux de sucs gastriques, lesquels ont un pH se situant entre 0,2 et 0,5, sont d’environ 8 à 9 ml/kg par heure pour un poulet, soit un taux qui excède de loin celui de l’homme, du chien, du rat et du singe.32 Même le taux sécrétoire basal (non stimulé) est plus élevé que d’autres espèces et indique une très grande activité digestive chez les oiseaux.
Le gésier possède deux fonctions morphologiques hautement spécialisées : le développement massif des muscles et une couche épaisse et dure recouvrant la muqueuse. Ces caractéristiques permettent au gésier de broyer les aliments et d’agir comme site pour la protéolyse des peptides.27 La partie principale du gésier est composée de deux muscles épais latéraux et opposés dont les extrémités sont attachées à une aponévrose centrale, ainsi que de deux muscles antérieurs et postérieurs intermédiaires minces.27 Parmi les oiseaux granivores, les perroquets possèdent les muscles du gésier les moins bien développés. Les perroquets écalent et concassent mécaniquement des graines avec leur bec.33 La couche interne du gésier est constituée d’une sous-muqueuse mince, muqueuse glandulaire, ainsi que d’une couche épaisse résistante à l’abrasion comprenant des crêtes et des sillons longitudinaux et composée de sécrétions durcies provenant du gésier. Ces dernières sont composées d’une substance semblable à la kératine qu’on appelle « koïline ». L’attrition de cette couche par le broyage effectué par les puissantes contractions musculaires, spécialement lorsqu’il y a du gravier et de gros morceaux durs de nourriture, et l’effet corrosif du mélange d’enzymes et d’acides circulant du proventricule au gésier sont contrés par l’activité sécrétoire lente des glandes du gésier, qui renouvelle la couche glandulaire.34 La couche de koïline de l’estomac musculaire est particulièrement bien développée et possède une structure distincte chez les espèces granivores, telles que les perroquets.33
Le gésier musculaire broie les particules alimentaires, mais contribue également à l’efficacité du système digestif en dirigeant les reflux (action des muscles épais) du digesta semi-liquide au niveau du proventricule et de façon aborale (action des muscles minces) vers le duodénum où l’absorption s’entame.35
Mark Hagen, M. Sc. (agriculture)
Directeur de recherche
Université de Guelph, Ontario, Canada
Toute demande de réimpression doit être adressée à Mark Hagen, M. Sc. (agriculture)
© 1992 par W.B. Saunders Company
1055-937X/92/0101-0003 $5.00/0
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