Infection nasale chez un perroquet de 52 ans

Coco, une amazone de Cuba de 52 ans, est arrivée à notre hôpital vétérinaire parce qu’elle avait trois petits « trous » inhabituels dans son maxillaire. Les trous étaient situés juste en dessous de la narine droite, comme si quelqu’un avait fait des trous dans son bec à l’aide d’une perceuse. Ces perforations d’un diamètre de 1 à 2 mm étaient remplies de ce qui semblait être du sang séché. Nous avons également remarqué que la cire droite, soit la membrane autour de la narine, était enflée et rouge. L’oiseau se grattait souvent à cet endroit à l’aide de sa patte, ou se frottant la tête contre son perchoir. La narine enflée indiquait qu’il y avait inflammation dans la cavité nasale, mais nous ne pouvions expliquer la raison des trous dans son bec.

Tous les examens médicaux que nous avons faits ne révélaient rien. L’amazone se nourrissait d’une alimentation équilibrée, et les résultats de ses analyses de sang et de ses radiographies étaient normaux. Un prélèvement des choanes a été fait pour culture, et après plusieurs essais, une bactérie a été isolée. Cette bactérie se développe dans les voies respiratoires supérieures et endommage celles-ci en produisant une substance qui détruit les tissus vivants.

Nous savions qu’il s’agissait d’une infection de la cavité nasale droite et d’une possible fistule (canal creusé par la bactérie) de l’intérieur jusqu’à l’extérieur de la cavité nasale, en passant par les tissus cornés et osseux.

Traitement

Nous avons injecté localement une combinaison d’antibiotiques à l’oiseau et avons nettoyé sa cavité nasale à l’aide d’une solution saline médicamenteuse. Le mois suivant, les croûtes foncées dans les trous avaient disparu, la cire était devenue normale, et l’oiseau ne se grattait plus. Tout allait bien. Du moins, c’est ce que l’on croyait. Les suivis périodiques ont montré que les trous dans le bec migraient tranquillement vers le bas puisque le bec grossissait, puis ont disparu. Douze mois après le premier incident, de nouveaux trous sont toutefois apparus, et la cire était de nouveau enflée.

Nous avons recommencé le même traitement, puisqu’il avait été efficace la première fois, mais pour une période prolongée. Nous croyions que la même condition réapparaissait parce que la bactérie n’avait pas été entièrement éliminée après le premier traitement, et nous pensions avoir affaire à une souche extrêmement tenace et résistante. Encore une fois, le traitement a été efficace; l’inflammation a diminué, le trou a migré vers le bas et tout est retourné à la normale pendant douze mois.

Toutefois, après ces douze mois, le problème a refait surface pour une troisième fois. Nous avons donc poussé nos recherches, et avons trouvé que le problème ne réapparaissait pas parce que le traitement était inefficace. Le système immunitaire de l’oiseau était-il faible en raison de son âge avancé? Y avait-il une source de contamination dont nous ignorions l’existence?

Découverte

Après une discussion approfondie avec les clients, nous nous sommes rendu compte que Coco utilisait un perchoir en corde afin de soulager ses pattes âgées et sensibles. Ce perchoir était dans la cage tout ce temps, et Coco s’y frottait le bec depuis le début. De plus, le problème survenait toujours au printemps, quand Coco mangeait beaucoup de fruits et se frottait le bec sur le perchoir pour enlever les résidus qui y étaient collés. Même si le perchoir était nettoyé régulièrement, il n’était pas nettoyé en profondeur. Ce perchoir en corde a donc été remplacé par un nouveau, lequel était dorénavant nettoyé chaque semaine dans le lave-vaisselle.

Leçons à tirer de l’aventure de Coco

Les bactéries sont microscopiques et se cachent dans tous les recoins de l’environnement d’un oiseau.

Premièrement, les débris peuvent s’accumuler à des endroits insoupçonnés, même dans un environnement extrêmement propre, comme sur un perchoir, sous un plateau tiroir dans le bas de la cage, sur le grillage de la cage, à l’intérieur d’une pince pour régals, etc. Les bactéries sont microscopiques et se cachent dans tous les recoins de l’environnement d’un oiseau. La majorité de ces bactéries ne survivent toutefois pas, à moins qu’elles soient entourées de matières organiques, telles que des sécrétions, des fientes ou des débris d’aliments. Donc, bien que désinfecter les objets soit important, il est encore plus important d’éliminer tout débris organique à l’aide de détergent, surtout dans le cas d’un oiseau souffrant d’une infection, autrement celui-ci se contaminera de nouveau.

Une alimentation nutritive et équilibrée est toujours importante, mais elle l’est encore plus pour les oiseaux âgés!

Deuxièmement, n’oubliez pas que plus un perroquet est âgé, plus il risque de souffrir d’une infection causée par une bactérie ou de la moisissure se trouvant dans son environnement. Une alimentation équilibrée est toujours importante, mais elle l’est encore plus pour les oiseaux âgés. Les oiseaux mal nourris finissent habituellement par avoir un système immunitaire plus faible que ceux étant bien nourris. Si vous souhaitez servir des fruits et des légumes à votre oiseau pour accompagner son aliment en granulés, optez donc pour ceux qui sont vert foncé, bleus, rouges ou orange, car ceux-ci renferment la plus grande quantité de vitamines et d’antioxydants. Aussi, les suppléments nutritionnels peuvent être bénéfiques aux oiseaux si leur alimentation n’est pas majoritairement composée de granulés. Plus un perroquet est âgé, plus il risque de souffrir d’une infection causée par une bactérie ou de la moisissure se trouvant dans son environnement.

RAPPORT DE CAS VÉTÉRINAIRE
D^re Corina Lupu