Votre panier est actuellement vide !
Site officiel de la marque HARI
Considéré depuis longtemps comme une maladie grave chez les rapaces, l’abcès plantaire, également appelé synovite plantaire, est aussi un problème fréquent chez les psittacidés. En effet, cette maladie est répandue chez les oiseaux à corps épais comme les amazones et les aras hyacinthes, et même chez les perruches ondulées et les perruches calopsittes.
La gravité de cette affection de la patte varie, et peut simplement être une rougeur et un amincissement léger du coussinet plantaire de l’oiseau, ou aller jusqu’à une infection chronique grave comprenant une inflammation de l’os (ostéomyélite), qui peut mener à la septicémie et même à la mort en raison de surinfections. Même si dans la majorité des cas, la maladie touche le coussinet plantaire, il arrive qu’elle commence en affectant un orteil seulement, ou que la lésion soit située sous la partie du jarret, surtout chez les gros psittacidés comme les amazones et les aras.
La synovite plantaire survient pour différentes raisons. Les causes les plus répandues chez les rapaces sont la perforation du coussin plantaire ou d’un orteil par leurs propres griffes bien taillées et les morsures infligées par leurs proies. Chez les psittacidés, cette maladie est surtout causée par une mauvaise alimentation ou un environnement inadéquat. En effet, une alimentation pauvre en vitamine A, en biotine, en calcium, en vitamine D3 ou autre, ou une alimentation riche en matières grasses peuvent causer l’abcès plantaire.
De plus, des aliments souillés ou des excréments séchés sur des perchoirs peuvent être source d’infection puisque les bactéries s’y multiplient. Juste en se tenant sur une telle source de contamination concentrée, les oiseaux peuvent infecter une petite écorchure qu’ils ont à la patte.
Aussi, les produits de nettoyage corrosifs qui ne sont pas bien rincés peuvent causer une irritation mineure pouvant s’aggraver, et une blessure au pied qui devient surinfectée peut être une des causes de l’abcès plantaire. Parmi les bactéries isolées qui surviennent, on compte celles de type staphylocoque, streptocoque et Pseudomonas, qui sont courantes, et Candidas fungus et Mycobacteria bacteria, qui sont rares.
Par ailleurs, certaines conditions peuvent ressembler à des cas d’abcès plantaire bénin, mais ne le sont pas, comme des tophi calcaires (manifestation de goutte articulaire), des petits abcès localisés, des lésions cutanées causées par le poxvirus, des lésions fongiques, des parasites tels les acariens du genre Knemidokoptes et les nématodes filaires, des morsures d’insectes, la callogenèse causée par de vieilles fractures, des engelures, des brûlures, des blessures, le papillome, des tumeurs bénignes ou malignes, la prolifération des pieds de serins causée par la vieillesse, des lésions constrictives des orteils, des fibres enroulées autour des orteils ou des pattes, des pansements trop serrés sur les pattes, ou même l’automutilation. La dermite de contact peut également être causée par l’ergot ou même par des doigts contaminés par la nicotine, du fixatif à cheveux et d’autres produits chimiques, qui sont irritants pour les oiseaux.
Le traitement et le pronostic de l’abcès plantaire dépendent tous deux de la gravité des lésions, alors un bilan des stades de lésions est important. Pour les rapaces, il existe cinq stades, tandis que pour les psittacidés, il en existe sept, puisque dans les débuts, leurs lésions sont souvent moins apparentes que celles des rapaces.
Abcès plantaire : SYMPTÔMES À SURVEILLER | |
Stade 1 : | Rougeur et amincissement de la surface plantaire du pied. |
Stade 2 : | L’amincissement de la surface plantaire du pied est à un point tel que les tissus sous-cutanés comme les tendons sont visibles. |
Stade 3 : | Des ulcères se trouvent sur la surface plantaire des pieds de votre oiseau et des cals se forment autour des extrémités de ces lésions. À ce stade-ci, votre oiseau boite et souffre quelque peu. |
Stade 4 : | Une tache nécrosée se forme dans le centre de l’ulcère, ce qui fait boiter et souffrir votre oiseau. |
Stade 5 : | De la cellulite (enflure et œdème) entoure le tissu nécrosé, et le pied ou les orteils sont possiblement enflés en raison d’une accumulation anormale de fluide (œdème). Les tendons et les coussinets métatarsiens peuvent devenir infectés. À ce stade-ci, votre oiseau souffre et boite beaucoup. |
Stade 6 : | Les orteils sont enflés et les tendons fléchisseurs nécrosés sur la surface plantaire du pied se rompent. Même après un traitement, certains orteils de votre oiseau ne fonctionneront toujours pas et celui-ci souffrira d’ankylose (fusion des joints). |
Stade 7 : | Place à l’ostéomyélite (infection osseuse), qui peut éventuellement mener à une infection générale et même à la mort. |
Il est important de noter que même les cas très légers doivent être traités rapidement pour éviter que la lésion ne s’aggrave. Les oiseaux victimes de cas sévères peuvent avoir besoin de quelques mois de thérapie intense afin de guérir.
Les lésions de stade 1 peuvent souvent être réglées facilement. Tout d’abord, assurez-vous que l’alimentation de votre oiseau renferme une quantité adéquate de vitamine A, de biotine, de calcium, de vitamine D3 et de matières grasses, et que votre oiseau ne trie pas ses aliments pour ne manger que ses préférés. Sachez que les amazones, les cacatoès rosalbins, les perruches ondulées et les perruches calopsittes sont les plus susceptibles de faire de l’embonpoint. De plus, des aliments riches en caroténoïdes, tels que les légumes orange ou jaunes, et ceux riches en vitamine C et en vitamine E, peuvent être bénéfiques pour les oiseaux. Si vous avez des doutes sur l’alimentation que vous servez à votre oiseau, consultez votre vétérinaire pour qu’il vous aide à déterminer la meilleure alimentation pour votre oiseau. Après avoir vérifié la nutrition, il faut regarder du côté de l’environnement de votre oiseau. Vérifiez que le diamètre de ses perchoirs convient à son espèce. Si le diamètre est trop grand, le pied de l’oiseau est trop étiré, et s’il est trop petit, la mauvaise partie du pied subit une très grande pression.
Des perchoirs d’un diamètre inadéquat sont l’équivalent de chaussures trop petites ou trop grandes pour nous.
Il est essentiel de procurer des perchoirs de différents diamètres à son oiseau, et il est possible de le faire en se servant de branches naturelles provenant d’arbres non toxiques exempts d’insecticide. Pour ce qui est des perchoirs en papier sablé, conçus pour garder les griffes des oiseaux taillées, il faut les placer à un endroit dans la cage où son oiseau passe peu de temps, comme près de son bol à régal, pour qu’il ne soit pas son perchoir principal. En effet, les perchoirs en papier sablé sont très abrasifs, et peuvent donc faire mal aux pieds des oiseaux. Dites-vous que c’est comme si vous marchiez pieds nus sur de la roche. De plus, comme je l’ai mentionné plus haut, la propreté est importante. La nourriture souillée et les excréments séchés sur des perchoirs peuvent devenir source d’infection puisque les bactéries s’y multiplient, et juste en se tenant sur une telle source de contamination concentrée, les oiseaux peuvent infecter une petite écorchure qu’ils ont à la patte. Assurez-vous donc de désinfecter ces objets, mais n’oubliez surtout pas de les rincer pour qu’ils ne soient pas irritants pour votre oiseau. Je tiens également à vous rappeler que vous devez veiller à ce que votre oiseau n’entre pas en contact avec des doigts contaminés par la nicotine, du fixatif à cheveux ou tout autre produit chimique, qui sont irritants pour les oiseaux.
Si vous suivez ces conseils et que la rougeur sur les pieds de votre oiseau ne s’estompe pas en une semaine, coussinez les perchoirs. Si votre oiseau est de petite taille, comme un serin, une perruche ondulée ou une perruche calopsitte, vous pouvez coussiner les perchoirs de bandelettes de ruban en moleskine, et remplacer celles-ci au moins toutes les deux semaines, puisqu’elles deviendront usées ou souillées. Si le diamètre des perchoirs de votre oiseau est plutôt gros, vous pouvez les couvrir d’un linge, de flanelle ou de pansement adhésif Vetrap (3 M). Assurez-vous toutefois de bien surveiller votre oiseau pour qu’il n’ingère pas de fibres ou que des fibres s’enroulent autour de ses orteils.
Les lésions de stade 2 doivent être traitées de la même manière que celles de stade 1, excepté que les perchoirs doivent être coussinés immédiatement pour empêcher l’irritation de s’aggraver. Tous les trois jours, il faut délicatement nettoyer les pieds de votre oiseau à l’aide de chlorhexidine (solution Nolvasan, Fort Dodge Laboratories), ainsi qu’appliquer de la lotion hydratante telle une lotion non parfumée à base de lanoline sur ses pieds, puis masser ceux-ci afin que la lotion pénètre sa peau. Toute lésion de stade 3 ou de gravité supérieure (stade 4 et plus) nécessite les soins d’un vétérinaire, mais j’énumérerai tout de même leurs traitements respectifs pour que vous compreniez les étapes du traitement de cette condition grave.
S’il y a suffisamment de tissus de lésions de stade 3 à recueillir, ils peuvent être envoyés à un laboratoire pour une analyse. Votre vétérinaire nettoiera la lésion au moyen d’un produit chirurgical, et appliquera possiblement une solution, laquelle est souvent composée de DMSO, de dexaméthasone et d’un antibiotique. Votre oiseau devra ensuite porter un pansement pendant une ou deux semaines afin d’empêcher la blessure de s’aggraver, et le pansement devra être vérifié ou changé tous les trois à cinq jours. Votre vétérinaire discutera par ailleurs avec vous des changements nutritionnels et environnementaux mentionnés plus haut.
Toute lésion de stade 4 doit être traitée en retirant le tissu nécrosé au centre de la lésion et en prélevant un prélèvement pour culture et sensibilité afin d’aider à déterminer l’antibiotique adéquat. Un anesthésique général pourrait être nécessaire si votre oiseau souffre énormément ou est très agité en raison du traitement. Votre vétérinaire irriguera et désinfectera la blessure, appliquera possiblement une solution, laquelle est souvent composée de DMSO, de dexaméthasone et d’un antibiotique, puis insérera un pansement hydrocellaire pour retirer l’infection et favoriser la meilleure cicatrisation de seconde intention possible, pour finalement couvrir le pied de votre oiseau d’un pansement, qui devra être changé tous les trois jours afin de voir la progression de la guérison. De plus, votre vétérinaire administrera des antibiotiques à action générale et des analgésiques à votre oiseau.
Toute lésion de stade 5 ou de gravité supérieure (stade 6 ou plus) doit être radiographiée afin de voir s’il est question d’infection osseuse. Si ce n’est pas le cas, le traitement est similaire à celui pour les lésions de stade 4, excepté que des antibiotiques injectables à action générale sont donnés et les pansements doivent être changés tous les deux jours. La durée du traitement est habituellement de six à huit semaines, et la guérison complète prend habituellement de quatre à six mois.
Le traitement initial pour les lésions de stade 6 est le même que pour celles de stade 5, excepté que les pansements sont changés tous les jours. Après trois à cinq jours, une fois que l’enflure a commencé à diminuer, le pied est préparé en vue d’une chirurgie sous anesthésie générale. On pose un garrot pour contrôler l’hémorragie, et la paroi de l’abcès, ainsi que tout tendon et ligament dévitalisé, sont retirés. Après l’opération, les pansements sont remplacés quotidiennement jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’écoulement, et à partir de ce moment, les pansements sont changés tous les deux ou trois jours. Après deux à cinq semaines, des tissus de granulation apparaîtront autour des extrémités de la plaie. Même quand le pied sera fermé de nouveau, celui-ci sera très sensible pendant plusieurs semaines. Vous devrez surveiller votre oiseau étroitement pour que le problème ne se reproduise pas. Une guérison complète peut prendre six mois, et n’oubliez pas que les orteils de votre oiseau ne fonctionneront pas et qu’il souffrira d’ankylose (fusion des joints).
Le pronostic pour les lésions de stade 7 est très grave. Si un orteil est touché, il faut considérer l’amputation, et si le pied complet est touché, on peut tenter un traitement, mais l’amputation est à considérer si un seul pied est touché et qu’il ne montre toujours pas de signe de guérison après un mois de traitement. Si le traitement est possible, la guérison complète peut prendre plus de six mois, votre oiseau souffrira d’ankylose et ses orteils ne fonctionneront pas. Des méthodes holistiques complémentaires peuvent également être utiles. Celles-ci ne doivent évidemment pas remplacer les thérapies médicales habituelles, mais lorsqu’elles sont utilisées parallèlement avec les traitements mentionnés ci-dessus, elles peuvent aider à accélérer le temps de guérison, puisqu’elles renforcent le système immunitaire de l’oiseau. En effet, plusieurs produits naturels renforceraient le système immunitaire, comme de l’extrait liquide d’astragale (1 ou 2 gouttes dans l’eau à boire pour chaque tranche de 30 g du poids de l’oiseau), une herbe chinoise nommée angélique et du jus d’aloès officinal (2 gouttes pour chaque tranche de 100 g du poids de l’oiseau). De plus, selon mon expérience, les remèdes homéopathiques, tels Ledum 6C et Silicea 6C, sont pratiques, et d’autres ont également affirmé que la stimulation des points d’acuponcture ST36, ST40, SP6, SP9, Li11, Ki1 et bafeng pouvait être bénéfique. Consultez un vétérinaire pratiquant des méthodes holistiques pour obtenir plus d’information sur ce sujet.
L’abcès plantaire est une condition grave, mais si on la détecte tôt et qu’on la traite adéquatement, le problème sera résolu.
Dre Petra M. Burgmann
Dre Petra Burgmann, bachelière ès sciences, D.M.V., Dip. ABVP (médecine aviaire), Animal Hospital of High Park,
3194, Dundas St West, Toronto (Ontario) M6P 2A3
Dre Burgmann a obtenu son baccalauréat ès sciences (1980) et son doctorat en médecine vétérinaire (1984) de l’Université de Guelph, et pratique la médecine vétérinaire sur des animaux familiers exotiques depuis. Elle a créé son propre hôpital pour animaux exotiques, Animal Hospital of High Park, en 1986. En 1993, elle était la première Canadienne à recevoir un certificat de spécialiste en médecine aviaire de la part du American Board of Veterinary Practitioners, et s’est certifiée de nouveau dans cette spécialité en 2002. Dre Burgmann est l’auteure du livre Feeding Your Pet Bird, en plus d’avoir été auteure collaboratrice pour bon nombre d’articles et de publications liés à la médecine aviaire et à la médecine d’animaux exotiques. Elle a donné des conférences sur les soins de santé pour animaux de compagnie exotiques à l’Université de Guelph, au Seneca College, à la Toronto Academy of Veterinary Medicine, à l’Ontario Association of Veterinary Technicians, au Conseil consultatif mixte de l’industrie des animaux de compagnie(PIJAC), au Canadian Parrot Symposium, ainsi que pour de nombreux groupes d’intérêt particulier. Elle est également apparue à la télévision à une chaîne communautaire et à CBC, en plus d’avoir pris le micro à CFRB et à CBC.
Consultez les numéros classiques et recherchés du magazine Parrot Life, maintenant épuisés.
Magazines disponibles en anglais seulement